Deux ombres silencieuses sortent de la maison, samedi matin. Il est 6 heures. Elles croisent le voisin qui rentre de son travail et se hâtent vers l'arrêt de bus. On ne les reconnaît pas, mais on sent qu'elles sont fébriles et qu'elles dissimulent mal une joie et un bonheur radieux. A 6H03, le bus démarre, bien ponctuellement. Un voyage de plus de treize heures (13h30 pour être précis) débute.
Le bus éclairé permet de mettre un nom sur ces deux ombres : il s'agit d'Ambroise et d'Alphonsine. Nés tous les deux au printemps, ils ont demandé une carte journalière pour leur anniversaire : pour moins de 40 Francs, ils ont acheté une carte qui permet de voyager 24 heures avec tous les moyens de transports possibles : bus, trains grandes lignes, trains à voie étroite, bateaux, téléphériques, trains à crémaillère ou funiculaires.
Sur la base de la carte géographique des transports, j'ai étudié un trajet, l'ai soumis à Ambroise qui a donné son accord. J'ai ensuite noté tous les trajets à effectuer, avec les changements, les horaires, les numéros de quais... pour que le jour J il suffise de suivre le programme établi. La veille, j'ai fait des courses pour préparer des sandwichs, avoir des boissons, des bonbons et des biscuits. Nous avons également fait une provision de livres, tricot, carnets et crayons, bref, de quoi nous occuper durant les trajets. L'objectif n'était pas de visiter un lieu précis, mais de découvrir et d'admirer les paysages suisses qui n'allaient pas manquer.
La semaine précédent, il pleuvait et ventait. C'est avec soulagement que nous avons appris qu'il y aurait une accalmie le samedi.
Nous voilà arrivés à la gare. Nous montons sur le quai, nous interrogeons pour savoir s'ils vaut mieux prendre l'express qui part à Bern deux minutes plus tard, ou le train prévu qui arrivera dans 5 minutes. Finalement nous décidons de nous en tenir au programme "sinon ce n'était pas la peine d'en faire un". L'express a à peine quitté la gare que le haut-parleur annonce un retard probable de sept minutes du train régional. Nous sommes déconfits, ne pas avoir la correspondance à Bern mettrait toute notre organisation en l'air. Mais ce sera la seule ombre sur cette journée : le train n'a eu que cinq minutes de retard, nous laissant trois minutes pour changer de quai à Bern.
Le jour commence à se lever, le train s'élance vers Thun, Spiez, puis remonte dans la vallée avant de prendre le tunnel qui les fera sortir dans le Valais et arriver à Brig. La brume ne laisse pas encore deviner les sommets des montagnes, mais notre enthousiasme ne diminue pas.
A Brig, nous sortons de la gare : les départs des trains à voie étroite sont à l'extérieur. Hélas, le panneau indicateur explique que la voie est partiellement coupée pour cause de travaux, qu'il convient de prendre le bus mis à disposition. Nous trouvons le bus adéquat, nous nous installons au fond, tout heureux d'avoir un moyen de locomotion inespéré à ajouter sur notre liste !
Et c'est parti pour remonter la vallée derrière Brig. La neige qui avait déjà fait son apparition devient de plus en plus abondante. Lorsque le bus s'arrête à Fiesch après une bonne demi-heure de route, il faut marcher dans plus de 20 cm de neige. Tout nous enchante : la neige, le train aux grandes vitres, le faible nombre de passagers qui va nous permettre de sauter d'une vitre à l'autre et de voir ainsi les deux côtés à la fois sans gêner personne. La brume est encore bien présente, mais la vue est à couper le souffle. Autant dire que nous sommes en apnée jusqu'à Göschenen. Le train est bien entendu un omnibus, mais il ne s'arrête que sur demande : on retrouve le même bouton de demande d'arrêt que dans les bus de ville.
Arrivés à Göschenen, nous disposons de 20 minutes pour entrer dans la gare, monter sur le quai et attendre dans la salle d'attente chauffée. Cette fois nous prendrons un InterCity, sur la ligne Italie-Bâle. Nous redescendons doucement et sommes surpris de ressortir de l'hiver, de retrouver l'automne avec ses arbres dorés et ses prairies vertes. C'est la Suisse primitive que nous atteignons : les quatre cantons (dont celui de Schwyz qui a donné son nom à la Confédération) ont signé le premier pacte auquel les autres cantons ont progressivement adhéré.
Nous sortons à Flielen, petite ville située au bord du lac des quatre cantons. Nous avons une heure et demie devant nous. Nous admirons le paysage, faisons des photos, des selfies que nous envoyons à Monsieur Alphonse pour qu'il puisse profiter de notre joie, grignotons des biscuits, regardons le bateau arriver. Il fait un soleil radieux, cette attente est bien agréable.
Nous en sommes au sixième changement de moyen de transport. Les bateaux des lacs sont à la Suisse ce que le vaporetto est à Venise : il s'agit du moyen de déplacement des citoyens. En femme très scrupuleuse, je vérifie qu'il y a bien des gilets de sauvetage à bord, et je ne me contente pas de voir une étiquette apposée sur les bancs extérieurs, je soulève les couvercles pour constater qu'ils sont bien rangés.
Le deuxième pont est réservé aux premières classes. Nous nous contentons donc du premier pont. Nous ne tenons pas en place, à chaque moment nous nous extasions et sortons à l'extérieur pour prendre des photos, puis rentrons nous réchauffer. Le trajet Flielen - Luzern dure 2 h 45. Ce n'est qu'au bout de plus de deux heures que nous cherchons une autre occupation. Il faut dire que deux bus de touristes sont venus envahir notre quiétude, et que par ailleurs le paysage tellement pittoresque au départ est moins captivant du côté de Luzern. Pour qui découvre cet aspect de la Suisse, il vaut mieux faire le voyage en sens inverse.
Luzern : je refuse de prendre le bus pour aller de l'embarcadère à la gare : l'arrêt des bus se situe devant la gare, et comme nous disposons de 10 mn pour prendre notre train, nous n'avons pas le temps de jouer à prendre le bus. Ambroise est déçu, mais je tiens bon !
Le train s'ébranle en direction de Brienz à travers les montagnes. Nous quittons l'automne pour retrouver l'hiver. Les lacs, les prairies, font place aux forêts enneigées. Comme la nuit commence à tomber, nos photos deviennent de plus en plus mauvaises à cause du reflet des vitres. Tant pis, nous rangeons nos appareils et admirons sans fin.
A Brienz, nous distinguons encore le bord du lac, mais arrivés à Interlaken, il fait nuit noire. Il nous reste encore à changer de train à Bern pour arriver à Fribourg à 19 heures 25. Le bus est à l'heure, nous passons la porte à 19 h 40. Ca sent bon : Monsieur Alphonse a préparé une tourte pour fêter notre retour !
C'était un merveilleux cadeau d'anniversaire ! Ambroise et moi sommes prêts à remettre sur nos listes d'idées de cadeaux, celle de la carte journalière ! Mais la prochaine fois, c'est certain, nous prendrons un téléphérique et un funiculaire !
Et c'est parti pour remonter la vallée derrière Brig. La neige qui avait déjà fait son apparition devient de plus en plus abondante. Lorsque le bus s'arrête à Fiesch après une bonne demi-heure de route, il faut marcher dans plus de 20 cm de neige. Tout nous enchante : la neige, le train aux grandes vitres, le faible nombre de passagers qui va nous permettre de sauter d'une vitre à l'autre et de voir ainsi les deux côtés à la fois sans gêner personne. La brume est encore bien présente, mais la vue est à couper le souffle. Autant dire que nous sommes en apnée jusqu'à Göschenen. Le train est bien entendu un omnibus, mais il ne s'arrête que sur demande : on retrouve le même bouton de demande d'arrêt que dans les bus de ville.
Arrivés à Göschenen, nous disposons de 20 minutes pour entrer dans la gare, monter sur le quai et attendre dans la salle d'attente chauffée. Cette fois nous prendrons un InterCity, sur la ligne Italie-Bâle. Nous redescendons doucement et sommes surpris de ressortir de l'hiver, de retrouver l'automne avec ses arbres dorés et ses prairies vertes. C'est la Suisse primitive que nous atteignons : les quatre cantons (dont celui de Schwyz qui a donné son nom à la Confédération) ont signé le premier pacte auquel les autres cantons ont progressivement adhéré.
Nous sortons à Flielen, petite ville située au bord du lac des quatre cantons. Nous avons une heure et demie devant nous. Nous admirons le paysage, faisons des photos, des selfies que nous envoyons à Monsieur Alphonse pour qu'il puisse profiter de notre joie, grignotons des biscuits, regardons le bateau arriver. Il fait un soleil radieux, cette attente est bien agréable.
Nous en sommes au sixième changement de moyen de transport. Les bateaux des lacs sont à la Suisse ce que le vaporetto est à Venise : il s'agit du moyen de déplacement des citoyens. En femme très scrupuleuse, je vérifie qu'il y a bien des gilets de sauvetage à bord, et je ne me contente pas de voir une étiquette apposée sur les bancs extérieurs, je soulève les couvercles pour constater qu'ils sont bien rangés.
Boîte à jeux pour occuper les enfants. En général, les voyageurs en profitent pour boire un café et jouer aux cartes. |
Le deuxième pont est réservé aux premières classes. Nous nous contentons donc du premier pont. Nous ne tenons pas en place, à chaque moment nous nous extasions et sortons à l'extérieur pour prendre des photos, puis rentrons nous réchauffer. Le trajet Flielen - Luzern dure 2 h 45. Ce n'est qu'au bout de plus de deux heures que nous cherchons une autre occupation. Il faut dire que deux bus de touristes sont venus envahir notre quiétude, et que par ailleurs le paysage tellement pittoresque au départ est moins captivant du côté de Luzern. Pour qui découvre cet aspect de la Suisse, il vaut mieux faire le voyage en sens inverse.
Luzern : je refuse de prendre le bus pour aller de l'embarcadère à la gare : l'arrêt des bus se situe devant la gare, et comme nous disposons de 10 mn pour prendre notre train, nous n'avons pas le temps de jouer à prendre le bus. Ambroise est déçu, mais je tiens bon !
Le train s'ébranle en direction de Brienz à travers les montagnes. Nous quittons l'automne pour retrouver l'hiver. Les lacs, les prairies, font place aux forêts enneigées. Comme la nuit commence à tomber, nos photos deviennent de plus en plus mauvaises à cause du reflet des vitres. Tant pis, nous rangeons nos appareils et admirons sans fin.
A Brienz, nous distinguons encore le bord du lac, mais arrivés à Interlaken, il fait nuit noire. Il nous reste encore à changer de train à Bern pour arriver à Fribourg à 19 heures 25. Le bus est à l'heure, nous passons la porte à 19 h 40. Ca sent bon : Monsieur Alphonse a préparé une tourte pour fêter notre retour !
C'était un merveilleux cadeau d'anniversaire ! Ambroise et moi sommes prêts à remettre sur nos listes d'idées de cadeaux, celle de la carte journalière ! Mais la prochaine fois, c'est certain, nous prendrons un téléphérique et un funiculaire !
merci du partage de ce voyage extraordinaire ! je repars quand tu veux dans ce parcours pour ma part immobile mais d'une sublime beauté !
RépondreSupprimerTu as des idées extraordinaires et un tallent fou pour faire de chaque événement une aventure . Moi qui suis casanière et routinière comme pas deux, tu me donnes envie de me glisser dans ton sac à dos !
RépondreSupprimerMagnifique ! Ca donne tellement envie que j'ai été voir si je ne pourrais pas organiser la même chose la prochaine fois que j'irai voir mon fils.
RépondreSupprimerJuste une chose que je ne comprends pas... Je crois comprendre que pour avoir accès à ce type de billet, il faut être détenteur d'une carte demi-tarif... à 185 chf ???
A moins qu'il n'existe une carte journalière sans le demi-tarif ?
Si tu achètes la carte journalière à la gare, elle coûte beaucoup plus chère. Chaque maison communale (mairie), mais également le service des étudiants de l'université dispose de deux cartes journalières par jour qu'ils peuvent vendre autour de 40 Francs (37 je crois). J'ai acheté la mienne sans la carte mi-tarif, elle ne m'a pas servi. Par contre, j'ai eu une réduction avec ma carte d'étudiante, et mon fils non.
SupprimerBref, il faut aller à la mairie à temps pour acheter une carte. Comme il n'y en a que deux pour chaque jour, tu ne peux jamais être certaine d'en avoir une.
Nous avons changé la date de notre voyage, parce que pour une des dates il n'y avait plus deux cartes disponibles.
Bref, j'espère que tu me comprends, même moi j'ai du mal à comprendre ce que je dis !!!
Donc, la prochaine fois, tu demandes à ton fils de te procurer des cartes pour que tu puisses en profiter.
Je t'ai comprise ! Je vais donc envoyer mon fils pratiquer son allemand débutant à la maison communale ;-)
SupprimerMerci Alphonsine ! (lui, c'est sûr, ne va pas te remercier...)
Magnifique !
RépondreSupprimerLe Nini et moi avons déjà organisé deux voyages comme le tien et on a beaucoup aimé tous les deux. Même que la première fois, c'était avec des cartes 1ère classe que nous avions reçues en remerciement pour avoir répondu à une enquête des CFF ! Mais bon, en 2ème, c'est tout aussi bien. Et ton récit me donne très envie de remettre ça !
C'est vraiment extra, les cartes journalières.
C'est super comme idée !!!
RépondreSupprimerUne fois n'est pas coutume : laisse un petit mot ici.
RépondreSupprimerMerci de ces belles photos ! J'y retrouve avec émotion les magnifiques paysages des vacances de mon enfance... J'ai tant aimé ton pays, ses montagnes, ses habitants, son âme.
NB : j'ai bien reçu ton colis. mille mercis, je suis très touchée. Lettre suit dès que j'aurai plus de 5mn pour écrire !
C'est génial comme cadeau, je te reconnais bien ! J'ai adoré voyager en Suisse l'année dernière, même si je me suis contentée du train et de la crémaillère ...
RépondreSupprimertiens? j'avais mis un commentaire et il a disparu...
RépondreSupprimerbon, je disais magnifique etc et contente d'avoir enfin eu un peu de temps pour tout lire et admirer
oh làlà mais quelle idée fantastique et que c'est beau chez toi...
RépondreSupprimertrès beau voyage ,mais le jour est est trop court
RépondreSupprimerje n'ai rien compris à ton explication sur l'achat des cartes , tu parles déjà suisse ..haha
as tu eu mon mail ,
gros bisous
sissi