samedi 18 février 2017

Mon jardin et ma voisine

Ma voisine, une charmante femme, toujours prête à rendre service, nous a demandé si nous envisagions de tailler les buissons qui forment la limite de nos propriétés. Personnellement, j'aime bien couper, mais ce n'est pas toujours judicieux, il arrive même que les plantes aient du mal à se remettre du mauvais traitement que je leur fait subir. 

Je vous ai expliqué (ICI) comment le jardinage était une activité absolument hors de ma portée, à l'exception des pommes de terre. Pourtant, je n'ai pas été complète. La seule chose que je réussis très bien, c'est passer la débroussailleuse. J'aime passer la débroussailleuse. C'est tellement jouissif : le bruit de la machine est si élevé que je n'entends plus ce qui se passe autour de moi, les enfants peuvent crier, je ne peux répondre, et de toute façon je ne comprends pas ce qu'ils disent. Je reste dans ma bulle, je tonds, et j'admire le résultat final. Malheureusement, mes garçons me prennent de vitesse et s'accrochent avant moi au manche de la débroussailleuse. Ce plaisir, le seul que j'ai dans l'entretien du jardin m'est refusé.

Revenons-en à ma voisine : je lui promis que j'allais tailler les branches, mais que mon incapacité est notoire. Elle a mis en doute ce genre d'assertion, ne pouvant imaginer qu'on ne sache pas se servir d'un sécateur. Et puis, elle m'a proposé de la retrouver au jardin le mercredi de cette semaine pour travailler ensemble. A mon avis, elle a vite vu que mes capacités étaient plus que limitées. Elle passait son temps à me prendre mon sécateur. La seule fois que je me suis servie de la scie, elle a regardé mon saccage avec autant de dépit que d'incompréhension, se demandant comment on pouvait être aussi gourde. Bref, nous nous sommes partagées le travail : elle a taillé, j'ai ramassé les branches, je les ai mises en tas et ficelées. Voilà enfin un travail dans mes cordes !

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jeudi 16 février 2017

Moi et le jardin

Si j'avais été tout à fait sensible aux règles de grammaire - celle qui est la base de la politesse, j'aurais choisi un titre plus adapté auxdites règles. Par exemple "Le jardin et moi". Si j'ai opté pour "Moi et le jardin", c'est pour accentuer une donnée essentielle : je passe avant le jardin. En réalité, jardiner est pour moi le comble du non-savoir. Je n'y connais rien, j'ai beau m'intéresser, rien ne me réussit, sauf les pommes de terre, mais j'ai abandonné pour cause de flegme (sérieusement, c'est fatiguant de planter des pommes de terre et de les buter, puis de les récolter).

La première année que j'ai essayé de faire pousser quelque chose, on m'a conseillé une plante facile, la courgette. "Ne plante pas plus de trois plants, tu seras vite débordée, même avec huit personnes à table". Je n'ai rien écouté, j'en ai acheté quatre. J'ai récolté trois fleurs par plant. Douze fleurs. 

La deuxième année, j'ai un peu plus écouté les conseils, sauf pour la quantité de plants à mettre en terre. J'aime les beignets de fleurs de courgettes, j'ai donc fait l'acquisition de cinq godets. J'ai obtenu huit courgettes minuscules. Etait-ce un encouragement ? Pour ma part je n'en ai vu aucun, sinon une exhortation à cesser définitivement les expériences horticoles. 

Je me suis achetée un cactus. Parce qu'il faut bien avouer aussi que je suis absolument incompétente pour le choix et les soins à donner aux plantes en pot. Soit je les arrose abondamment, soit je les oublie innocemment. Je crois bien que mon plus bel échec a été celui d'un pot de roses de Noël : je les ai placées bien au chaud, et comme leur feuillage commençait à s'incliner vers le sol, je les ai copieusement arrosées. J'ai appris bien plus tard que ces plantes aiment le frais et un arrosage léger, ce qui explique qu'elle n'ait passé que six heures dans mon foyer avant de s'éteindre doucement.

Donc, je me contente des cactus : c'est une plante qui me réussit. Si je l'oublie un mois durant, elle ne m'en veut pas, elle ne crie pas famine. Elle se nourrit silencieusement d'amour (puisque l'eau fraîche ne lui est pas destinée) qu'elle me rend en grandissant, se fortifiant et se multipliant.


samedi 11 février 2017

Petite annonce


« Cherche critique littéraire. 
Joindre au dossier de candidature 
une critique du livre  
"Jouer avec ses nerfs
en moins de 500 mots ».

- Voilà une annonce pour toi.
- Tu plaisantes, je n’ai rien d’un littéraire.
- Oh, tu sais, « littéraire » ça veut tout dire et rien dire. Souviens-toi de nos cours de français du Lycée.
- Justement, ce journal cherche quelqu’un de sérieux.
- Tu as toutes les qualités requises : la critique te colle à la peau, tu le fais fort bien, en tout temps, en tout lieu et dans tous les domaines. Avec tous les livres qui encombrent ton logement tu peux te classer dans les littéraires. Regarde le délai, le papier doit être envoyé par mail avant vingt-quatre heures, tu as deux heures devant toi, c’est plus qu’il n’en faut.
- Mais je ne connais même pas ce livre.
- Et alors, quelle importance, crois-tu vraiment que les critiques lisent les livres avant de les commenter ?

Marlène quitte la pièce, la porte claque derrière elle. Je hausse les épaules en souriant de l’excessive jovialité de Marlène, je me laisse aller dans mon fauteuil en fermant les yeux. « Jouer avec ses nerfs »… ce titre me trotte dans la tête. Il doit s’agir d’un roman policier. Je déteste les romans policiers, c’est plein de sang, de terreur, de surprises mal dégrossies, du tueur aussi parfois.

J’attrape mon Moleskine et mon crayon préféré. Les mots arrivent, il s’agit de ne pas en perdre en les mettant par écrit.

« Jouer avec ses nerfs » est un livre qui aurait tout du roman policier si seulement il n’en avait pas tous les défauts. Il s’ouvre sur le personnage principal mal dégrossi qu’on a peine à imaginer, les indications de son physique et de son moral représentant un magma informe. Ce qu’on peut déduire sans retard du premier chapitre, c’est la terreur risible qu’il semble ressentir. On en rirait si du moins l’auteur savait écrire. En réalité on souffre avec l’auteur qui tente péniblement de créer une ambiance sordide. Le livre s’essouffle ainsi dès le deuxième paragraphe. Le lecteur se demande avec inquiétude si la lecture va n’être qu’une attente morbide d’une fin qui n’arrivera pas. Le soi-disant tueur va-t-il enfin sortir de l’ombre, et d’ailleurs existe-t-il vraiment ? On se sent entraîné dans une chaotique et inintéressante aventure qu’on ne veut suivre sous aucun prétexte. Fermer le livre sans en connaître la fin serait la solution idéale. Pour celui qui aura persévéré jusqu’au point final, il n’y aura pas de récompense, seulement le sentiment frustrant de comprendre que l’auteur a joué avec ses nerfs ».

Je tape mon texte et je l’envoie. Il est vingt-deux heures quarante-quatre.

Deux jours plus tard, je reçois un mail :

Cher Monsieur, votre candidature a retenu toute notre attention. Votre analogie avec le roman policier est excellente, vous avez parfaitement su appréhender le personnage principal et tous les défauts de ce qui livre qui retrace l’histoire insipide de clefs qui faussent continuellement compagnie à leur propriétaire. Je vous propose de nous rencontrer la semaine prochaine…

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 Texte écrit pour l'agenda ironique hébergé chez Jobougon selon les indications suivantes : 


Il s'agit de faire une critique littéraire d'un livre,

Que vous l'ayez lu ou pas.
Qu'il existe réellement ou pas.
Qu'un livre intrus se soit glissé distraitement dans le lot.
Que vous rêviez de l'écrire ou pas.
Ou qu'il soit, peut-être encore soigneusement conservé dans quelque bibliothèque secrète ou interdite.
Clôture : dimanche 19 février à minuit. Les textes auront été déposés dans les commentaires, ou directement à l'adresse mail suivante : jo.bougon(@)Hotmail.fr.
Les votes seront ouverts du 20 au 26 février, et les résultats proclamés le 27.

jeudi 9 février 2017

Hippopotame albinos

Dimanche dernier, un hippopotame albinos a tenté de venir se sustenter dans notre minuscule jardin. Il est arrivé sur les coups de 15 heures, s'est installé comme s'il était dans sa savane, puis, certainement pour raison de froid intense et de gel subséquent, il s'est immobilisé et n'a plus bougé.

Je vous présente par conséquent notre hippopotame albinos qui n'a pas encore de nom, qui a eu le soutien inconditionnel d'Anatole. Il l'a si bien adopté qu'il a pu grimper sur son dos sans risque. Le petit hippopotame a résisté au poids de son ami, puis a continué à brouter sans même lever la tête.

Cet hippopotame a été dédié par Anatole à son grand-père qui aime ces animaux, pleins de douceur apparente et de force intérieure. 




mardi 7 février 2017

Ranger sa chambre

Quelle maman n'est pas excédée à l'idée d'envoyer son enfant ranger sa chambre ? Quelle maman ne souhaiterait pas trouver au plus vite LE moyen d'en finir avec ces tracasseries ?
 
Moi-même qui vous écrit, j'aurais aimé découvrir il y a plus de 20 ans déjà LE moyen d'en finir avec ces tracasseries. Mais c'est chose faite : je l'ai, et je vous le partage :
 
Offrez un appareil photo numérique à votre enfant. Montrez-lui qu'on peut faire des films, et qu'en posant son appareil sur un rebord de fenêtre, une table de nuit ou un bureau, il capte tous les mouvements de la pièce. Faites-lui découvrir qu'en enregistrant au ralenti et qu'en passant le film à vitesse réelle, tout ça devient "trop rigolo".
 
Une fois ces données enregistrées dans le cerveau de votre enfant, proposez-lui de ranger sa chambre. Il s'adonnera à ce jeu avec exaltation ! Pour vous, il vous suffira d'être disponible pour visualiser le film, vous exclamer au bon moment et le féliciter au bout. Ne vous inquiétez pas, à la vitesse où le film se déroule vous n'en aurez que pour quelques minutes. C'est appréciable, non ?
 
 

dimanche 5 février 2017

Français pour étrangers

J'ai eu l'occasion de rencontrer une femme albanaise qui vit ici depuis 12 ans. Difficile à comprendre lorsqu'elle parle, encore plus difficile de se faire comprendre lorsqu'on lui adresse la parole. Pour une grande bavarde comme moi, c'est une souffrance que je partage : devoir vivre presque isolée (même si la famille et les enfants permettent l'expression et le partage, l'isolement se sent dès qu'elle sort de la maison) est un châtiment qu'elle ne mérite pas. Je l'admire à se rendre aux invitations, s'asseoir à table lors de la fête des voisins et capturer par-ci, par-là un mot qui ne donne pas sens à la conversation.
 
L'année dernière, je lui ai proposé de lui donner des cours de français. Elle a refusé. Cet hiver elle est passée par son amie pour me dire qu'elle serait contente de prendre des cours de français. Hourra ! Nous avons eu notre premier cours il y a dix jours. J'ai été absolument stupéfiée par sa capacité à cacher son faible niveau de français. Après avoir été déstabilisée, j'ai dû revoir ma façon de procéder, choisir une autre méthode, et surtout, essayer de comprendre la grammaire de sa langue maternelle pour pouvoir cerner ses difficultés. Par exemple, l'albanais ne connaît pas les pronoms personnels, ils sont inclus dans le verbe comme en latin.
 
Le deuxième cours était déjà plus efficace, plus adapté à ses besoins. Elle m'a dit en riant que ses enfants (8, 5, 3 ans) lui faisaient faire ses devoirs et répéter ses leçons. De mon côté, j'ai l'impression de tout recommencer comme avec Augustin dysphasique : il faut parler avec les pieds et les mains, démontrer en mots simples, et surtout, tout faire avec amour. J'aime le jeudi matin.