dimanche 30 avril 2017

Le vieux garçon

Qu'il me semblait strict avec sa raie sur le côté, son pantalon à pli tombant parfaitement sur ses chaussures cirées, sa chemise blanche boutonnée jusqu'au cou et son sobre pull bleu marine. Sa diction aussi laissait à penser qu'il ne prononçait que des mots mûrement réfléchis, que jamais il ne s'autorisait un laisser-aller. On résistait avec peine à se mettre au garde à vous devant lui.

C'est lorsqu'il s'est assis que j'ai pu constater qu'il était en réalité un garçon plein de fantaisie : il portait des chaussettes ROUGES !


jeudi 27 avril 2017

Haïkus sur la pluie

1er Haïku :

Les flaques ont grandi
Les chaussures laissent passer l'eau
Les pieds sont mouillés.

2ème haïku :

Les pieds sont mouillés,
Laissons là les Haïkus, 
Pour quérir des chaussures.



Ca ne va pas vous passionner, ô lecteur, j'avais à coeur de vous montrer que j'ai fini par comprendre le rythme 5-7-5. Et puis, vraiment, j'ai eu les pieds mouillés hier. Je vais y remédier aujourd'hui !


Et voilà Mary, prise au jeu du Haïku avec une jolie proposition :

Les flaques ont enflé
Les chaussures sont en grêve
Les pieds sont noyés



Ce matin (28 avril), jour glorieux où je fête mes 27 ans de mariage, il neige : déjà 10 cm de neige repose sur l'herbe...

mardi 25 avril 2017

Le gel (Haïku)

Les fleurs recouvertes de gel
Les fruits ont brûlé
Eté de désolation.



Je livre mon tout premier Haïku. Il y a trois semaines je ne savais même pas ce que c'était, ni l'étendue de ses contraintes. Certains de mes lecteurs excellent dans cet art, et comme l'Haïku est une oeuvre de groupe où le premier propose, le deuxième corrige, le troisième parfait, je vous laisse la possibilité, en toute simplicité, de mettre votre version en commentaire. Je les insérerai dans le post au fur et à mesure !

"Anonyme" me fait observer qu'un Haïku doit comporter 5-7-5 syllabes. J'ai fait l'inverse. Elle propose : 

Fleurs vêtues de gel (pour le premier vers).

Anonyme qui est devenue Mary s'est prise au jeu, sa contribution se développe ainsi :

Fleurs vêtues de gel
Les fruits n'ont pas résisté
Eté de regrets.

J'aime beaucoup ces trois vers, si d'autres lecteurs veulent participer, c'est en commentaire.


dimanche 23 avril 2017

Voter ?

Aujourd'hui, je suis confrontée à un dilemme qui m'oblige à choisir entre trois solutions :
- voter
- ne pas voter
- voter deux fois

Après que l'administration française m'ait interdit de vote (CLIC) sans procès et sans motif autre que son incompétence légendaire, elle a voulu me consoler en me donnant la possibilité de choisir mon bureau de vote, voire de cumuler les votes. Le ministère des affaires intérieures m'a fait parvenir ma carte d'électeur, et le ministère des affaires étrangères m'a indiqué le lieu de mon bureau de vote en Suisse.

Si je ne vote pas du tout, je serai comptabilisée deux fois dans les dégoûtés de la vie politique. Si je vote une seule fois, je serai comptabilisée comme dégoûtée et courageuse d'avoir pu émettre un choix dans une enveloppe (puis-je courir le risque de devenir schizophrène ?). Si je vote deux fois, je risque une sanction pénale allant jusqu'à la peine de prison (parce que je ne peux faire état d'une quelconque immunité) (mais je peux ne plus revenir sur le sol français le temps de la prescription de l'infraction).

Pensez-vous vraiment que je risque des peines pénales ? L'administration est telle qu'elle ne s'en apercevra jamais...


mercredi 19 avril 2017

Les élections n'intéressent personne

Un coup d'oeil sur les affiches électorales en dit plus que tous les sondages : les élections n'intéressent personne, même pas les enfants : les affiches sont intactes, aucune n'est barbouillée de moustache, de barbe ou de cornes... CQFD !




dimanche 9 avril 2017

Passé-simple est un traître

Passé-simple est un traître. Forcément, il est le mal-aimé de la famille Indicatif. On lui demande peu de choses, on ne le sollicite que rarement. Pire encore, ses frères le traitent de renégat, voire de laisser pour compte. Quant à Futur-antérieur qui ne peut pourtant tirer gloriole de ses prestations, il le qualifie de "simplet" - calembour des plus faciles et des moins recherchés qui a le don de renforcer encore le ressentiment de son frère. 

A force de mauvais traitements, Passé-simple s'est rabougri, il est devenu un taiseux aigri, haineux, sombre et grognon, toujours de mauvaise humeur, rarement plaisant, jamais complaisant, en aucun cas serviable. Le pauvre, si peu sollicité et tant moqué, il a perdu l'habitude de se parer, de rayonner et d'exulter.

Une lampe s'allume, c'est la sienne, le voilà de service, grincheux comme à son accoutumé. Il doit offrir ses "a" et ses "is", ses "it" et ses "eurent", ses "îmes" aussi, fier malgré tout d'être le seul de ses frères à pouvoir se parer d'un chapeau seyant. Il distribue ses terminaisons sans effort, en exigeant des verbes qu'ils se présentent à lui dans leur plus simple radical, sur trois colonnes bien distinctes. Avec son dédain qui lui est coutumier, il les a classés en trois groupes (l'idée vient de lui), du premier au troisième, en laissant accroire que le quantième était synonyme de qualité. Quelle ineptie, tout grammairien sait bien que le groupe premier est celui des verbes communs, puisque tout verbe fraîchement né tombe exclusivement dans cette escarcelle. Le deuxième groupe forme un tout bien soigné qui suit des règles précises. Le troisième quant à lui est celui des individus au caractère bien marqué dont il faut se méfier, puisque chacun suit ses fantaisies propres. Mais Passé-simple ne les aime pas comme la suite de l'histoire le montrera.

L'écrivain malin, assis on ne sait où et écrivant on ne sait quoi, vient de prendre sa plume. Les temps attendent en silence pour savoir lequel sera élu. Stupeur et tremblement dans la famille Indicatif, c'est Passé-simple qui doit œuvrer. Il s'avance en claudiquant, sachant par avance qu'il devra partager sa tâche avec Imparfait, cet impertinent pour qui tout n'est que facilité. Passé-simple se dresse sur ses jambes en grognant, les verbes s'avancent en se bousculant - c'est que c'est amusant de provoquer Passé-simple. Le voici qui, pour se venger, se met à distribuer ses terminaisons sans contrôler le radical. 

Et c'est ainsi que "cousit"devint "cousa"...


vendredi 7 avril 2017

Mon papa (agenda ironique d'avril)

Je vais vous conter mon histoire dans les plus brefs détails. Je la tiens de mon ancêtre en lignitude directe, qui lui-même l'a apprise par le vent. C'est ainsi dans notre famille, la nature a une influencitude sur nous.

Je suis né sur un bateau. Enfin, c'est ce qu'on m'a raconté lorsque j'étais petit : "Ta maman, c'est la mer, ton papa, c'est le bateau. Nous, les hommes d'équipage, sommes tes oncles. Et si tu ne veux pas d'ennuis, ne te montre pas aux hommes de la passerelle". Ma petitude faisait confiance aux racontitudes, et puis c'est tellement plus joli ainsi.

Mon papa c'estun cargo. Il est grand, puissant et fort. Sa ligne d'eau est peinte en rouge, le reste de la coque resplendit dans sa teinte bleu ciel. Mon papa est grand, c'est un géant avec ses 398 mètres de long et 54 mètres de large. D'ailleurs pour mon anniversaire il m'a offert une trottinette pour que je puisse faire des courses de la proue à la poupe. Il est amusant mon papa, parce que faire la course tout seul ne présentait que peu d'intérêt. Je suis toujours le gagnant - ou le perdant selon la façon de considérer la chositude. Alors il m'a offert un chronomètre pour que je puisse battre mon propre record. Ca, c'est chouette.

Mon papa est grand, puissant et fort, il me protège de maman. Maman elle, est très primesautière. Elle se laisse emporter par le vent et n'hésite pas à changer de sens là où va le courant. On la croit calme, paisible, belle, couleur bleu sombre les jours de grand soleil, virant au vert vers le soir, et à l'or à l'aurore. Mais il ne faut pas s'y fier, au moment où on s'y attend le moins, elle gonfle, enfle, hurle et domine. Elle mène papa en bateau, le malmène, le ballote et l'emporte. Papa se recroqueville alors, il ferme ses écoutilles, sort les seaux pour les hommes qui ont la sottitude de ne pas avoir le cœur solide et de persister à vouloir voguer sur les flots, et attend, secoué en tous sens que maman se calme. Il gagne toujours, il est fort mon papa. Il a bien compris qu'il valait mieux faire semblant d'accepter les lubies de maman, ses cris et ses emportements, la laisser accroire qu'elle pouvait le mener par le bout de la proue. En réalité, c'est lui qui garde le cap et qui nous emporte, envers et contre tout vers notre destination. 




Pour l'agenda ironique d'avril, selon la formule imposée par "Ecri'turbulente" : écrire un texte à la première personne, choisir une embarcation, raconter une traversée, et ponctuer le texte de termes hurluberlus avec un suffixe en "-itude".
Pour voir les textes au fur et à mesure de leurs parutions, cliquer ICI.


mercredi 5 avril 2017

Les légumes au clair de lune


Un soir d’été au clair de lune,
La courge, le coing, l’ail et la prune,
Tous les légumes du potager,
Se réunissent en rangs serrés.

Mais que se passe-t-il par ici,
Que fait le tribunal cette nuit ?
Le potiron est accusé,
D’avoir volé le bananier.

Le potiron s’installe devant,
Les aubergines sont les agents,
Son défenseur s’approche de là,
C’est l’avocat tout plein d’émoi.

La courge assure la présidence,
Elle exige un grand silence,
Et maintenant que les témoins,
N’écoutent pas et aillent au loin.

Debout, Monsieur le Potiron,
Exposez-nous votre vrai nom,
Dites-nous ce que vous avez fait,
Dans la nuit du 7 au 8 mai.

Le potiron bien fatigué,
Décline son identité,
Cucurbita pepo Linné
J’habite dans le potager.

Les 7-8 mai je n’ai rien fait,
J’étais couché et je dormais,
Je n’ai pas volé, je le jure,
Les bananes vertes sont bien trop dures !

Que les braves témoins s’avancent,
Dit le Juge avec suffisance,
Ils viennent avec rapidité,
Et jurent de dire la vérité.

Le bananier est bien trop haut,
Dit avec fougue l’artichaut.
Le potiron est trop petit,
Répètent en chœur les salsifis.

Le potiron est bien trop rond,
Hurlent de rire les cornichons.
Il est aussi beaucoup trop lisse,
Affirme le chou avec malice.

Que le potiron est lourdaud,
S’exclament vite les poireaux.
Et un petit peu ventre à terre,
Se rappellent les pommes de terre.

Ne peut grimper sur le muret
Déclare ensuite le navet.
Et c’est une vraie mauviette,
S’extasient les petites courgettes.

Arrive le coing, dernier témoin,
J’ai tout vu, je n’étais pas loin,
Le voleur n’est pas potiron,
Mais toute l’équipe de marmitons.

J’ai parfaitement entendu,
Le bananier a tout vendu,
Ses belles bananes pas trop chères,
Et des pistaches aux enchères.

La parole est au Procureur,
L’haricot parle avec bonheur,
Requiert maint’nant avec ardeur :
Le plaignant connaît son voleur.

Par cette preuve irréfragable,
Le  potiron est le coupable
Qu’il soit pour 10 ans transféré,
Au-dessus du plus grand fumier.

L’avocat à présent se lève,
En plaidant ses deux bras s’élèvent,
Il redémontre avec talent,
Que son client est innocent.

Vous avez entendu comme moi,
Le coing et le rutabaga,
Le potiron n’a pu voler
Aucun des fruits du bananier.

Le bananier est un menteur,
Qu’il prenne l’avion pour l’équateur,
Qu’on reconnaisse que mon client
De ce larcin est innocent.

La courge avec autorité,
Met l’affaire en délibéré,
Le potiron est relaxé,
Ce n’est pas lui qui a volé.



dimanche 2 avril 2017

Agenda ironique d'avril

Le quatrième mois de l'année apporte son lot de voyages. C'est à Martine qu'il échoit d'héberger l'Agenda ironique du mois d'avril. Elle nous mène en bateau avec son thème maritime, fluvial, ou lacustre et ses mots en "itude", lisez plutôt :


Me voici désignée « Captain Events », en ce quatrième mois de l’an de Grâce 2017.
Je vous propose donc de partir en croisière.
Voilier ? Bateau de pêche ? Cargo ? Paquebot ? Péniche ? Pirogue ? Canot pneumatique ? Brise-glaces ? Chalutier ?
Vous choisirez l’embarcation, vous l’imaginerez, vous la décorerez, la baptiserez… Vous daterez la traversée… Quand vous vous déciderez à lever l’encre (oui, quand même), vous déterminerez l’itinéraire et les escales : L’île des Lettres ? L’île des Mots, des maux, des morts ? L’île des Étrangers ? Les îles Glamour ? L’île d’Éros ? Ou bien ?
Une fois l’équipage constitué, vous embarquerez les passagers et vogue la galère !
Une narration à la première personne (lettres, journaux intimes, carnet de bord ou de voyage, etc).
Vous avez devant vous 22 jours de navigation 
(c'est-à-dire jusqu'au 23 avril),
1 000 mots maximum 
pour conter cette expédition nautique, 
que vous ponctuerez de 10 termes hurluberlus, 
avec un suffixe en "–itude".
Bon vent et que l’ironitude soit des nôtres !
Merci de déposer vos liens ici (clic), et seulement ici (clic).