Passé-simple est un traître. Forcément, il est le mal-aimé de la famille Indicatif. On lui demande peu de choses, on ne le sollicite que rarement. Pire encore, ses frères le traitent de renégat, voire de laisser pour compte. Quant à Futur-antérieur qui ne peut pourtant tirer gloriole de ses prestations, il le qualifie de "simplet" - calembour des plus faciles et des moins recherchés qui a le don de renforcer encore le ressentiment de son frère.
A force de mauvais traitements, Passé-simple s'est rabougri, il est devenu un taiseux aigri, haineux, sombre et grognon, toujours de mauvaise humeur, rarement plaisant, jamais complaisant, en aucun cas serviable. Le pauvre, si peu sollicité et tant moqué, il a perdu l'habitude de se parer, de rayonner et d'exulter.
Une lampe s'allume, c'est la sienne, le voilà de service, grincheux comme à son accoutumé. Il doit offrir ses "a" et ses "is", ses "it" et ses "eurent", ses "îmes" aussi, fier malgré tout d'être le seul de ses frères à pouvoir se parer d'un chapeau seyant. Il distribue ses terminaisons sans effort, en exigeant des verbes qu'ils se présentent à lui dans leur plus simple radical, sur trois colonnes bien distinctes. Avec son dédain qui lui est coutumier, il les a classés en trois groupes (l'idée vient de lui), du premier au troisième, en laissant accroire que le quantième était synonyme de qualité. Quelle ineptie, tout grammairien sait bien que le groupe premier est celui des verbes communs, puisque tout verbe fraîchement né tombe exclusivement dans cette escarcelle. Le deuxième groupe forme un tout bien soigné qui suit des règles précises. Le troisième quant à lui est celui des individus au caractère bien marqué dont il faut se méfier, puisque chacun suit ses fantaisies propres. Mais Passé-simple ne les aime pas comme la suite de l'histoire le montrera.
L'écrivain malin, assis on ne sait où et écrivant on ne sait quoi, vient de prendre sa plume. Les temps attendent en silence pour savoir lequel sera élu. Stupeur et tremblement dans la famille Indicatif, c'est Passé-simple qui doit œuvrer. Il s'avance en claudiquant, sachant par avance qu'il devra partager sa tâche avec Imparfait, cet impertinent pour qui tout n'est que facilité. Passé-simple se dresse sur ses jambes en grognant, les verbes s'avancent en se bousculant - c'est que c'est amusant de provoquer Passé-simple. Le voici qui, pour se venger, se met à distribuer ses terminaisons sans contrôler le radical.
Et c'est ainsi que "cousit"devint "cousa"...
Et c'est ainsi que "cousit"devint "cousa"...
traître et faiseur d'embarras, il a tout pour plaire ;-)
RépondreSupprimerPourtant il est si joli, je l'affectionne même s'il ne me le rend pas !
SupprimerJe l'aime énormément, c'est mon préféré de l'indicatif. Mais je suis d'accord avec toi, c'est un fourbe qui derrière son aspect franc cache un esprit retors. Qui d'entre nous n'a jamais buté sur un verbe et se trouver réduit à décliner compulsivement les quatre modes de conjugaisons, sans réussir à s'arrêter avec certitude sur le bon ?
RépondreSupprimerArrête-toi sur Infinitif, c'est le moins changeant. Mais son petit côté "je suis inébranlable" est agaçant.
Supprimer...et lui donne un côté rigide assez peu sympathique sur le long terme. Entre nous, cette réputation de rustre inculte qui lui colle à la peau n'est pas complètement usurpée.
SupprimerIl fera l'objet de mon prochain billet, non pas qu'il le mérite, mais il est des modes qu'il convient de remettre à leur place !!!
SupprimerDu rififi dans les conjugaisons ! il n'y a que toi pour raconter les querelles de préséance des verbes et la vie quotidienne de la grammaire ; est-ce la peine de dire que j'adore et que j'espère la suite dans un futur proche ?
RépondreSupprimerCa arrive, ça arrive, au rythme de tes mois. Que dit Avril ?
SupprimerHaha, toutes ces querelles entre temps de conjugaison me font bien rire !
RépondreSupprimerDans la littérature jeunesse actuelle, le passé simple a pratiquement disparu. Et quand les enfants l'apprennent, ils le trouvent vraiment bizarre. "Mais personne ne dit ça comme ça", m'a assuré catégoriquement une jeunette de 12 ans il n'y a pas longtemps !
Tous les livres (Fantômette et autre Club des cinq) ont été retraduits au présent, c'est bien dommage. On ne dit peut-être plus comme ça, mais on écrit comme ça, ou du moins on le devrait.
SupprimerMes enfants dans leurs jeux s'arment du passé simple avec plus ou moins de succès ("il tira et il tomba et patatras il sucommba!")
SupprimerMoi je l'aime bien... il met parfois son nez de clown ce qui me fait sourire
Oh que j'aime ce festival de modes !!! il m'arrive de trébucher, je confirme, il est grincheux !! belle fin de journée !
RépondreSupprimerMerci Colette !
SupprimerJ'avoue que j'ai de la peine à l'utiliser alors qu'il serait tout à fait adéquat plus d'une fois. Mais tu lui rends bien hommage et je suis sûre qu'il frétille dans son coin. Bises et belle semaine qui s'annonce déjà.
RépondreSupprimerje m'en sers souvent, mais je peine avec l'imparfait qui vient s'immiscer.
Supprimerjoyeux anniversaire chère posi
RépondreSupprimerplein de bisous ensoleillés
sissi
Merci chère Sissi,
SupprimerEst-ce que je peux passer te faire un petit coucou mardi matin ? je serai avec Luc.
oui je suis là avec mes 2 petits fils , avec plaisir
RépondreSupprimerQuand je vit cette article, je fût satisfaît car que j'aimâsses le passé simple cela fusse connû en d'autres temps et se texte rent omage au gens qui écrivirent cent faute d'aurthografe !
RépondreSupprimerTu ne crois pas que tu en fais un peu trop ? (des fautes) !!! :-)))
SupprimerJ'aime le passé-simple malgré son côté désuet et en dépit du côté inventif de mes élèves : prena, peinda, courra, etc.
RépondreSupprimerBonne journée.
C'est tout le charme du passé-simple, provoquer l'imagination des écrivains !
SupprimerJolie défense de Passé simple que j'aime beaucoup et dont je crains la perte définitive inéluctable.
RépondreSupprimerIl disparaît progressivement des livres. Quel dommage, j'aimais le lire étant petite, j'ai gardé une affection entière pour ce temps grincheux !
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