lundi 31 octobre 2016

Un tableau, une histoire (20)

Corcos Vittorio conversation-in-the-jardin-du-luxembourg 1892 D
 
- Alors ainsi, vous êtes veuve tout comme moi ! Depuis combien de temps ?
- Six mois tout juste. Et vous ?
- De même. Je m'apprêtais à aller sur la tombe de mon mari pour y disposer ces fleurs. Je m'y rend régulièrement, je suis à chaque fois surprise de voir que la tombe est fleurie.
- Moi de même, il y a toujours des fleurs fraîches dans le vase. Je crois que c'est la servante qui s'en occupe, elle avait beaucoup d'affection pour mon mari.
- Venez-vous souvent au parc ?
- Oui, ça m'oblige à sortir. S'il n'y avait pas Manette, je resterais cloîtrée chez moi. Heureusement qu'elle m'apporte un tout petit peu de vie. La pauvre, sans son père, c'est dur pour elle. Avez-vous des enfants ?
- Deux, Louison et Gérard. Ils jouent un peu plus loin. Eux aussi sont tristes sans la présence aimante de leur père. Ils l'aimaient beaucoup, il jouait souvent avec eux. Je pense qu'il voulait rattraper le temps où il ne pouvait pas les voir. Son travail l'emmenait au loin, il ne restait qu'une semaine sur deux à Paris.
- Tiens, il en allait de même pour mon mari. René devait se déplacer en province une semaine sur deux.
- René, dites-vous ? Mon mari avait le même prénom.
- Comment était-il ?
- Voyez, j'ai sa photo sur ce médaillon.
- Mais quelle horreur, nous avons épousé le même homme. Il était bigame..
 


vendredi 28 octobre 2016

Sept millimètres

Il en est des mesures comme de tout : il suffit parfois d'une faible, très faible quantité pour procurer une joie inversement proportionnelle. Augustin en a fait l'expérience hier au soir : Le plus jeune de la famille, et par conséquent le plus petit, surtout depuis que les aînés ont atteint leur taille définitive et que les autres s'élançaient vers le haut à raison de plusieurs centimètres à la fois, sollicitait maintes fois son père de le mesurer, espérant à chaque tentative avoir rattrapé le plus proche de lui en taille. Las, le verdict n'était jamais à la hauteur de ses espérances.
 
Et puis, voilà que le résultat a été proclamé : 167,2 cm. En l'espace d'un instant, le petit Augustin avait doublé sa sœur et sa mère ! Grâce à sept pauvres millimètres, il a acquis la certitude qu'il grandissait et qu'il pouvait dorénavant regarder sa mère en lui disant fièrement : "Je suis plus grand que toi".
 
Nous avons fêté dignement cet évènement, tout en lui souhaitant de gagner encore de beaux centimètres !
 
 

mercredi 26 octobre 2016

L'Odyssée, Cousteau... et la misère

Pleins d'entrain et d'enthousiasme, nous avons proposé à nos garçons d'aller au cinéma pour y voir le film sur Jacques-Yves Cousteau. En son temps, nous leur avions montré "Le monde du silence", fait découvrir les documentaires réalisés à partir de la Calypso, mis les livres à disposition pour qu'ils rencontrent ce monde si merveilleux qu'est le monde maritime sous-marin.
 
Las... quelle déception. Ce n'était pas un film sur Jacques Cousteau, mais un film de Jean-Michel (l'aîné), sur Philippe (le second).
 
Nous aurions tant aimé pouvoir suivre Cousteau dans toutes ses idées, ses étapes, ses découvertes et son amour de la mer. Nous avons vu un homme faible, ayant une préférence marquée pour son fils intrépide Philippe, trompant sa femme à tour de bras, et ne sachant comment payer les créanciers qui devenaient de plus en plus nombreux. On assiste à une scène gênante de Philippe affirmant à son père en le regardant droit dans les yeux qu'il aurait aimé ne jamais l'avoir eu pour père, l'anéantissement du père qui se réfugie dans les bras de sa maîtresse. Mais quelle est donc cette mode qui permet aux enfants d'insulter leurs parents tout en étant conscients de la chance qu'ils ont eue de naître dans cette famille plutôt que dans une autre ?
 
Certes, cet aspect de la vie, bien réel, n'était pas sans intérêt, quoique... il n'apporte rien et occulte tout ce que Cousteau a apporté à des millions de téléspectateurs. Après Armstrong faisant découvrir le sol lunaire, il a livré aux yeux des hommes, les trésors cachés des fonds marins. Nous en avons vu quelques scènes, dont une, extraordinaire d'un plongeur face à une baleine à bosse, et de requins féroces autour de plongeurs qui n'ont pu se réfugier dans la cage protectrice que par miracle, ou encore des images éblouissantes de l'Antarctique. Elles étaient trop peu nombreuses. Pourquoi ne pas avoir montré plus en détails la ville sous-marine, le scaphandre autonome, le sous-marin, la calypso ? Pourquoi ne pas s'être étendu sur les vues maritimes et les voyages, plutôt que sur les fêtes données par Cousteau ? Pourquoi avoir filmé de si longs passages de Cousteau discutant avec ses mécènes et de trop courts passages de la visite de ses locaux techniques ?
 
Cousteau est un mythe. Pour qui irait voir ce film sans connaître sa vie ne pourrait imaginer l'étendue de l'apport de Cousteau à l'humanité. Biographie sans fard, c'est une chose, mais ici c'est une biographie sans retenue, et surtout vue de la lorgnette d'un fils jaloux qui oublie de mentionner tout ce que le père a eu de génial en lui.
 
N'allez donc pas voir ce film si vous voulez rêver de mer, de fonds marins et d'animaux en grand écran, vous serez déçus comme nous l'avons été.
 
 

mardi 25 octobre 2016

Promenade d'automne

Des garçons trop occupés à jouer, des parents ayant envie de s'aérer, nous sommes finalement partis à deux dans nos montagnes. Et c'était beau.
 






 
 
En redescendant, j'ai demandé à Monsieur Alphonse de s'arrêter dans les vignes : les vendanges sont presque terminées, il suffit de choisir des vignes déjà vendangées pour y grappiller, ou plutôt glaner du raison. C'est tellement bon...
 
 
 
 
 
 
 

lundi 24 octobre 2016

Un tableau, une histoire (19)

marion tivital 89



 - Pourquoi avoir accroché ce tableau dans vos toilettes ? Fade comme il est, il est au bon endroit, mais enfin, était-ce bien nécessaire ?
 
- J'aime ta franchise, Béatrice ! Je te rejoints tout à fait : ce tableau, à mes yeux, ne présente aucune critère enthousiasmant du point de vue pictural et artistique. Mais il a une histoire, c'est pourquoi nous y tenons tous beaucoup. C'était un ami de passage qui nous l'a peint alors que nous l'avions invité à partager une soirée avec nous. A l'époque, nous avions fait faire des travaux dans notre maison. Comme nous n'y allions que pour les vacances, nous en avions profité pour faire enlever le plancher du rez-de-chaussée pour le remplacer par une dalle en béton bien isolante. C'est mon mari qui a posé le câblage électrique, nous avons dormi dans une maison ouverte à tous vents, par 4 degrés. Ensuite, lorsque nous avons pu à nouveau poser les portes, nous avons poursuivi dans un mode "camping" élaboré : Côté couchage, nous étions très bien dans les étages. Côté cuisine, il n'y en avait tout simplement pas. Nous nous sommes servis de la salle de bain attenante, nous avons branché le lave-vaisselle à la place du lave-linge, utilisé le lavabo comme évier, et posé un réchaud électrique et un mini-four sur une planche reposant sur des tréteaux. (Je te rassure, le lave-linge avait simplement été remonté d'un étage). Notre mode camping était donc relativement luxueux, mise à part qu'il a duré plus de 6 mois.
 
- Et alors, le tableau ?
 
- C'est donc dans ces conditions extrêmes que nous recevions nos amis, soit en leur proposant d'emporter un plat pour nous aider dans la préparation du repas, soit en simplifiant à l'extrême lorsque nous étions moins nombreux : une fondue bourguignonne accompagnée d'une salade et d'un gratin dauphinois et suivie d'une salade de fruits se prépare sans grande installation. A la fin du repas, notre ami a avisé la pile de feuilles trainant sur la table, ainsi que les crayons de couleur des enfants. Il nous a dit : "Votre maison me fait penser à ceci..." et il a commencé à dessiner une caravane posée au milieu de nulle part. Il y a mis la corde à linge, mais en réalité, le linge séchait au grenier. Tu noteras la présence de notre poubelle 50 litres. Elle lui avait fait beaucoup d'effet, à lui qui est célibataire et qui se sert d'un tout petit bac pour ses déchets.
 
Il nous a bien fait rire, nous avons gardé son dessin, puis l'avons fait encadrer. A chaque fois que nous regardons ce tableau, nous repensons à cette période de travaux intenses, et nous nous réjouissons du beau résultat que nous avons obtenu. Tu vois, une œuvre d'art peut devenir belle lorsqu'on connaît toutes les circonstances de son élaboration.
 
 
 
 
 

samedi 22 octobre 2016

Ils étaient en admiration...

Debout sur mon escabeau, je prépare le plafond à recevoir la peinture blanche. L'aspirateur de chantier hurle de ses trois moteurs. Pourtant, dans ce bruit strident, j'entends un silence soudain. Je me retourne, je vois Monsieur Alphonse et Anatole qui ont arrêté de poser le joint de carrelage pour me regarder, m'admirer, oserais-je dire.

- C'est incroyable, maman a vu les toiles d'araignées,... et elle les enlève.

mercredi 19 octobre 2016

Payer pour rester fidèle

La fidélité était sans faille il y a 50 ans : la ménagère allait chez le commerçant du quartier, le boucher, le boulanger, l'épicier, et faisait son marché une à deux fois par semaine. Les commerçants étaient de vrais commerçants comme il y en a de moins en moins, polis, respectueux, et reconnaissant vis-à-vis de leur pratique.

Le charcutier n'hésitait pas à donner le talon du jambon, le boulanger offrait de délicieux caramels aux enfants, la maraîchère pesait les carottes dans une balance de Roberval et lorsque le plateau penchait jusqu'à toucher le socle, elle rajoutait encore 4 carottes pour la forme et en offrait une, fraîchement grattée pour être mangée sur place.

A l'époque de la balance digitale, les commerçants ont oublié de rester commerçants. Ils sont devenus des calculateurs aussi précis que leurs balances. Et comme ils n'ont plus à compter de tête (2 kg X 3 Francs) parce que leur machine intègre les calculs savants (0,562 kg X 2,76 Euros), ils demandent sans sourciller le total de 1,55 Euros. A ce stade, ils pourraient arrondir, juste pour faire semblant, mais non, un sou est un sou. Pourtant, le client reste un client.

Est venue alors la mode des cartes de fidélité. Comme le commerçant-gérant a commencé à avoir multitude de clients, il a créé la carte à tamponner à chaque passage, avec, à la clef, une réduction au bout de 10, 20 ou 30 achats. Tout le monde était content : le commerçant d'avoir fidélisé son client, le client de pouvoir bénéficier d'une réduction.

Malheureusement, le commerçant s'est senti lésé. Non content d'avoir un client fidèle (c'est pourtant bien précieux), il a voulu pouvoir récupérer ce qu'il offrait à son client. En pratique, il s'est mis à vendre sa carte de fidélité. Mais où se trouve alors la contre-partie de ma fidélité si je dois payer pour rester fidèle ? A chaque fois qu'un commerçant me propose une carte payante, je fais un rapide calcul pour savoir à partir de quel moment elle sera vraiment rentable : jamais, sauf à acheter du tissu /de l'outillage / des livres une fois par semaine.

Alors amis commerçants, sachez que je ne joue pas à payer pour rester fidèle, et encore moins à payer la réduction que vous allez peut-être me faire si la somme totale de mes achats dépasse celle que vous avez fixée. Il n'y a plus de jeu, vous gagnez à tous les coups...



 

lundi 17 octobre 2016

Un tableau, une histoire (18)

harry anderson 15
 
 
Quelles sont belles, ces bagues... Habituellement, je les regarde, envieuse de celles qui les porteront, désolée de n'être pas moi-même encore fiancée. A chaque fois que je passe devant un bijoutier mon cœur se serre. Non, se serrait. Parce que ça y est, Francis m'a demandée en mariage. Quelle joie, j'en suis encore toute retournée. Nous allons nous marier bien vite, pour pouvoir commencer enfin une vie à deux. Nous nous fiancerons dans un mois. Francis m'a demandé quel genre de bague me ferait plaisir. A présent je peux choisir pour moi. Mais non pourtant, il est encore étudiant, il ne pourra me payer ce genre de bijou. Je ne veux pas de bague. Je le lui dirai. Ce qui est fou, c'est que ça me laisse tellement indifférente ! Seule la perspective de vivre avec Francis me réjouit, le reste est si peu important...
 
 
 


dimanche 16 octobre 2016

La fable du corbeau et du renard réactualisée


S’il y a une chose que je déteste, c’est de paraître empotée face à un artisan. Moi qui me targue d’avoir un sens pratique développé, une maîtrise du bricolage et des machines, je suis totalement impressionnée devant le chauffage de la maison, à tel point que je déteste devoir ouvrir la maison en l’absence de Monsieur Alphonse. C’est sûr et certain, le chauffage qui me voit arriver se débrouille pour me mettre dans l’embarras.

Hier, je suis arrivée pleine de courage et d’appréhension, j’ai suivi Augustin qui ouvrait la porte, je me suis dirigée vers le chauffage et j’ai ouvert la petite porte pour le mettre en marche. « Maman, as-tu ouvert l’eau ? » Mais c’est bien sûr, il faut commencer par descendre à la cave pour ouvrir le gaz et l’eau. Voilà, Ambroise s’en est chargé, le chauffage va pouvoir se mettre en marche. Sans succès. Un trait de génie me rappelle qu’il faut sortir de la maison, ouvrir la porte du compteur de gaz et appuyer sur le bouton qui permettra au gaz de se faufiler dans les canalisations de la maison. Voilà qui est fait. Mais rien ne bouge, rien ne change, j’enfile mon manteau, j’ouvre portes et fenêtres pour faire entrer de la chaleur.

Je sors le mode d’emploi pour savoir à quoi correspond le chiffre « 6 » et puis la lettre « C ». En désespoir de cause je téléphone à Monsieur Alphonse qui reprend toute la procédure avec moi (vérification d’ouverture de la vanne de gaz, le petit bouton vert du compteur à l’extérieur, allumage, réinitialisation et constat que l’appareil s’éteint aussitôt qu’il est allumé). Il ne reste plus qu’une solution, appeler le dépanneur qui arrive avec le sourire une demi-heure plus tard. Il teste, essaye, regarde, enlève le capot et me demande ingénument et un peu ironiquement si j’ai bien ouvert le gaz. Avec toute la fierté qui me reste, je réponds affirmativement. Il sort pour appuyer sur le petit bouton vert en dépit de mon assurance quant à cette manœuvre déjà accomplie et réussie avec succès.

Il revient avec ce petit sourire que je déteste, celui de l’artisan qui découvre une fois encore que pour le commun des mortels réaliser un acte élémentaire relève de l’exploit. « Il était bloqué, il fallait renouveler la tentative à plusieurs reprises ».

Alphonsine, honteuse et confuse, jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus !

  

samedi 15 octobre 2016

Ma vie en dépend

Depuis la fin de mes examens, ma vie est en jeu. Avant aussi, mais moins souvent. Maintenant Augustin me cherche pour faire des jeux de société avec lui : "Ne t'en fais pas", "Puissance 4", "Memory", tout y passe. Nous avons le jeu dans le sang, et tous les deux le même désir de gagner. Notre vie dépend vraiment de l'issue de la partie. C'est du moins l'effet que nous donnons à l'extérieur ! Des cris venant du coeur, des hurlements de victoire, des haros d'encouragement (pour soi bien sûr), des luttes avant de lancer le dé, des suspenses terribles avant de lever une carte, c'est vivant, c'est acharné, c'est une lutte sans merci. Que le meilleur gagne, et qu'il tourne autour de la table en brandissant un tomawak invisible !

 
 
Il y a le jeu de hasard qui demande peu de réflexion, c'est celui du "Ne t'en fais pas". Par contre, il vaut mieux réfléchir avant de se lancer dans un "Puissance 4". J'ai eu beau réfléchir, je me suis fait battre à plate couture par le petit Augustin. Je n'allais quand même pas me laisser faire, Internet n'est pas fait pour les chiens. J'ai tapé "comment gagner à puissance 4", et j'ai suivi les consignes. Cela m'a appris à perdre en ayant posé plus de 5 jetons, ce qui était un bon début. Un peu de persévérance, et voilà ma première "fourchette". Actuellement nous sommes de force égale ce qui corse le jeu et le rend encore plus enthousiasmant !
 
Qui veut un casque anti-bruit ? Alphonsine et Augustin se préparent à jouer ensemble !

 

jeudi 13 octobre 2016

Gâteau au beurre, pâte au quark et à l'huile

En recherchant des videos de recettes expliquées par des italien(ne)s, j'ai trouvé une mine de recettes de gâteaux présentées par Emilio Romani. Comme son nom ne le laisse pas supposer, il s'agit d'un allemand qui propose des gâteaux sublimes. Sa décoration laisse parfois à désirer, mais ses recettes sont savoureuses, du moins c'est l'impression qu'elles me donnent. Ce soir, n'ayant plus d'œuf, et beaucoup de flegme, j'ai opté pour le "Butterkuchen mit Quark Ölteig.
 
150 g Quark (fromage blanc très épais)
75 g lait
75 g huile neutre
75 g sucre + sachet de sucre vanillé
330 g de farine
1 paquet de levure chimique
75 g de raisins marinés
 
 
100 g beurre en flocons
50 g sucre
100 g amandes effilées
1 c.s eau
 
Fouetter le quark, le lait, l'hile, les sucres. Ajouter la farine et la levure, puis les raisins.
 
Abaisser dans un moule de diamètre 26 ou 28 cm. Disposer le beurre puis les amandes (préalablement mouillées et sucrées).
 
Enfourner pour 30 minutes dans un four à 180°
 
Laisser refroidir, démouler.
 
J'ai servi le gâteau tiède ce soir. Ambroise et Monsieur Alphonse qui étaient les seuls présents à table se sont régalés, moi aussi. Simplement, lorsque j'ai expliqué la recette que je vous ai donnée ci-dessus, ils n'ont pas compris pourquoi le gâteau n'avait pas d'amandes, était peu sucré, bref, ne ressemblait pas beaucoup à l'original.
 

 
 
Il faut dire que je n'avais plus que de l'huile d'olive. J'étais arrivée au bout de mon stock de sucre, la pâte a manqué de 15 g. Pour la farine, j'avais la flegme de descendre en chercher, je vous assure que 290 suffisent amplement. Quant aux raisins, j'avais oublié qu'il fallait les intégrer à la pâte, je les ai répartis par-dessus. Je n'ai jamais d'amandes effilées, et j'avais envie de pommes. J'ai donc planté des quarts de pommes sur les raisins secs, puis versé la crème du lait qui me restait avant de saupoudrer de sucre-cannelle (j'ai toujours une boîte préparée d'avance par Augustin qui en raffole).
 
Au final, c'était délicieux, mais Monsieur Alphonse m'a demandé de remettre l'ouvrage sur le métier et de recommencer avec la vraie recette pour voir comment le gâteau original se présente.
 
Vraiment, des fois, on ferait mieux de se taire et de ne pas avouer tous ses secrets !
 
 

mercredi 12 octobre 2016

Apprendre l'italien

Apprendre l'italien est inscrit sur ma liste de choses à faire depuis que j'ai une vingtaine d'années. Mais voilà, je ne suis pas très douée pour les langues étrangères, et surtout, il m'est difficile de travailler sans soutien, et sans professeur qui puisse répondre gentiment à mes questions. J'ai mis ce métier sur l'ouvrage à plusieurs reprises, j'ai tenu plus ou moins longtemps, puis j'ai remisé l'enseignement, non pas définitivement, mais dans l'idée de le ressortir au moment opportun.
 
Ce moment est arrivé, j'apprends l'italien. Après avoir testé différentes méthodes, lesquelles ont toutes le même point commun, celui de mettre en scène une famille de deux enfants, un garçon et une fille, qui commencent par se dire bonjour, puis se présentent, puis voyagent, puis... bref, j'ai une over-dose de cette méthode d'enseignement qui se dit être proche de la langue maternelle mais qui oublie l'essentiel : on ne baigne pas dans une langue étrangère à raison de 3 ou 4 heures par semaine, ou même une heure par jour. J'ai donc remisé ces méthodes ennuyeuses.

Mon amie Nadia à qui j'exposais mes souhaits, m'a donné des méthodes d'apprentissage d'italien pour les étrangers qui résident en Italie. Voilà qui paraît d'un coup plus excitant. Et de fait, le livre comprend 18 textes, chacun résolvant deux ou trois points de grammaire, et surtout, surtout, il n'y a pas de dialogue, mais un récit sur un point de la culture italienne. Ouf, enfin quelque chose d'intelligent. On apprend alors à dire que l'Italie est une péninsule, quelle est sa géographie, son climat, sa position en Europe. Les leçons suivantes nous mènent chez une étudiante, dans une pizzeria, une famille italienne, à l'opéra, nous parle de Jules César ou de la mafia. C'est absolument passionnant.

Il faut s'accrocher dès la première page, tout est en italien, y compris les règles de grammaire. Certes, l'italien se lit assez aisément, mais il faut apprendre tout le vocabulaire. Au bout de trois leçons, j'ai déjà appris (essayé d'apprendre) 1700 mots de vocabulaire !

Dès que j'ai terminé l'étude d'un texte, de sa grammaire et des exercices qui font suite, j'envoie un mail à Nadia avec le texte scanné en pièce jointe. On se fait un rendez-vous Skype, elle me pose des questions, on discute en italien, puis en français, mes 1700 mots et le présent de l'indicatif ne permettant pas encore d'avoir de discussion passionnante en italien. Mais ça viendra...

En attendant, on parle cuisine, elle me donne des recettes en italien. Comme je lui demandais des idées de films simples à comprendre, elle m'a proposé d'aller sur un site de cuisine et de visionner les vidéos. C'est un vocabulaire à ma portée, je me régale aux deux sens du terme, parce que ça me donne plein d'idées de repas !

Apprendre l'italien par la cuisine, voilà enfin une méthode d'italien qui me convient. Allez, je vous quitte, le passé-composé m'attend !

Baci !



 

lundi 10 octobre 2016

Un tableau, une histoire (17)



edouard vuillard nature morte avec bouteille et carafe

Il habitait dans la plus grande maison du village, et s'occupait seul de son ménage. Petit à petit, il avait ralenti ses activités, il avait donné sa vache, il passait moins de temps dans les champs. Mais tous les 15 jours il faisait son pain en chauffant son four à pain, tous les jours il s'occupait de ses lapins en leur cherchant du fourrage dans les prés, tous les ans, il partait vendanger avec son fils, sa fille et ses cinq petits-enfants, ainsi que ses arrières petits-enfants.
 
A midi, il enfourchait son vélo et déjeunait chez sa belle-fille. Matin et soir il s'occupait lui-même de son repas.
 
Il était agréable, enjoué, savait profiter de la vie, s'asseyait sur le banc du village où le rejoignait une voisine. Ils devisaient, se chauffaient au soleil avant de retourner chacun chez soi pour y passer la soirée. Son fricot n'était pas très élaboré : un peu de pain, du lard, du fromage. Tous les jours, il buvait un petit verre de vin, jamais plus.
 
Un jour, il a vu ses voisins charger des valises dans leur voiture, il a compris qu'ils partaient pour le week-end. Il est venu leur faire ses adieux, comme il le faisait souvent, mais cette fois avec une insistance qu'il n'avait jamais eue. C'était un vendredi. Le dimanche soir, lorsqu'ils sont rentrés, ils ont appris qu'il était mort. Sans un bruit.
 
Le jour de son enterrement, sa fille m'a dit qu'il avait rangé sa maison. Tout était en ordre. Il s'était fait beau, était allé chez le coiffeur, savait au fond de lui qu'il allait mourir, c'est pourquoi il était aller dire au-revoir à tous ceux qu'il aimait. Il lui avait téléphoné pour tout lui expliquer à elle qui habitait si loin. Il ne voulait ennuyer personne en mourant dans son lit. C'est pourquoi il s'était fait emmener à l'hôpital.
 
Ce tableau m'a fait penser à lui. C'était un homme bien. Nous l'aimions beaucoup.
 

samedi 8 octobre 2016

La mousse au chocolat

Ici, quand on veut parler "d'auberge espagnole", on se réfère au "repas canadien". Chaque pays a ses références. On ne connaît pas l'origine de ces expressions même si on les utilise au quotidien. "J'organise une petite soirée, ce sera repas canadien".
 
Personnellement, j'aime ce concept. Enfin, on le temps de cuisiner longuement sans s'embarrasser en même temps du ménage. J'essaye de réaliser des plats que je ne fais jamais, et je me délecte dans cette occupation.
 
La dernière fois que j'ai été ainsi invitée, sachant qu'il y aurait des enfants, j'ai immédiatement pensé "mousse au chocolat". Comme je n'en fais jamais parce que le résultat n'est jamais à la hauteur des souhaits, je me suis dit que c'était la bonne occasion pour me lancer à nouveau dans cette aventure.
 
Le résultat était bluffant : onctueuse, délicate, ferme, et succulente. J'étais ravie, jusqu'à ce que je vois sur la table, DEUX mousses au chocolat : la mienne et la sienne. Faite au chocolat au lait, avec des enfants autour d'elle, le ménage à tenir et le rangement à assurer. J'étais gênée, non pas que la sienne ait été mauvaise, mais enfin, voilà... 
 
La morale de cette histoire, c'est qu'on cuisine mieux lorsqu'on n'est pas aidé par de petites mains.

Je suis certaine que vous avez tous votre recette de mousse au chocolat fétiche !


200 g de chocolat noir
4 blancs d'œufs
4 jaunes d'œufs
50 g de sucre
sel

Faire bouillir de l'eau dans une casserole. La retirer du feu, y poser une casserole plus petite contenant le chocolat.

Pendant que le chocolat fond, fouetter les jaunes d'œufs et le sucre jusqu'à ce que le sucre soit dissous. Puis fouetter les blancs avec une pincée de sel.

Verser le chocolat fondu sur les jaunes d'œufs, bien mélanger. Ajouter délicatement les œufs en neige.

Verser dans des timbales individuelles ou dans un saladier. Mettre au frais pour plusieurs heures.

 

jeudi 6 octobre 2016

Le costume traditionnel

 
Lors de la désalpe, j'ai pris des photos pour vous faire découvrir le costume traditionnel du vacher gruyérien.
 
 
Avant tout, la chemise :
 
elle est bleu clair, avec des edelweiss brodées sur les lignes verticales un peu plus sombres. Tout le monde se promène avec cette chemise, tout le monde possède cette chemise. C'est le signe de reconnaissance du peuple helvétique. On peut l'acheter sur les stands, elle existe dans toutes les tailles, y compris pour les enfants.
Il y a quelques mois, dans une petite commune alémanique, deux enfants musulmans ont refusé de serrer la main de la maîtresse pour la saluer, au motif que leur religion le leur interdisait. Dès le lendemain, des enfants suisses sont arrivés en classe avec cette chemise, suivis de près, le surlendemain par la moitié de la classe. Une partie de la population a crié au scandale, c'était inadmissible de faire état de sa culture de façon aussi manifeste. La majorité n'y a vu qu'une chemise de qualité et n'a pas compris pourquoi une culture (en l'occurrence musulmane) pouvait être prise en compte, et pas celle du peuple. "Landi" (grande surface qui permet aux paysans de trouver les vêtements professionnels ainsi que le matériel) a vu ses ventes de chemises augmenter de façon totalement inattendue !
Donc, la chemise forme la base de la garde-robe du peuple helvétique. (non, je n'en ai pas encore acheté à mes garçons).
 
 
La veste et le pantalon :
 
La veste et le pantalon sont taillés dans un solide tissu gris ou bleu. Un croquet blanc souligne les bordures de la veste, de grands edelweiss sont brodés sur le col. Les manches sont courtes et bouffantes.
 
 
La calotte :
 
La calotte est plus ou moins décorée. Elle sert à protéger les cheveux lorsque le vacher trait la vache : assis sur un petit tabouret à un pied, attaché à sa taille par une ceinture de cuir, il pose sa tête sur le flanc de la vache pendant qu'il la trait.
 
Le sac :
 
Le sac est fait de cuir. Lui aussi est largement décoré, de blasons, de motifs pastoraux, de montagnes... Le vacher y mettait du sel lorsqu'il allait traire dans les alpages. Pour faire venir les vaches, il leur tendait une poignée de sel. A droite et à gauche de la pochette, deux petits godets : ils contenaient de la graisse à traire. On enduisait le pis des vaches avec un peu de cette graisse prélevée avec le pouce, pour qu'ils soient bien souples durant la traite.
 
 
 
La ceinture :
 
La ceinture du pantalon est une œuvre d'art : une bande de tissu tissée dans des coloris vifs, représentant des motifs géométriques, des animaux, des plantes.
 
 
 
 
La barbe :
 
Tout gruyérien porte la barbe. Par un usage qui remonte dans la nuit des temps, les hommes ne se rasaient jamais. C'est donc une marque d'honneur que de porter une longue barbe touffue.
D'ailleurs, la calamité la pire qui puisse arriver à un gruyérien, c'est de devoir se faire raser la barbe lors d'une opération. Il lui faut de longues heures, voire de jours de réflexion pour se convaincre de la nécessité de l'opération qui va lui faire perdre la marque qu'il croyait indélébile.
 
Ce gruyérien m'a autorisée à le photographier, et c'est avec fierté qu'il a posé pour moi !

 
La canne :
 
La canne est également un élément du costume traditionnel : on ne peut se déplacer sur les raides alpages sans s'aider de sa canne. Le vacher l'emporte même sur terrain plat, ce qui peut s'expliquer lorsqu'on atteint un âge vénérable !
 
 

mardi 4 octobre 2016

La désalpe

"Allons à Albeuve pour voir la désalpe". Sitôt dit, sitôt fait.
 
Après une demi-heure de route, nous arrivons en vue du village. Des pompiers et des bénévoles nous guident à travers champs et nous indiquent où nous garer. Il est 8  heures 30, il fait frais encore, mais le soleil commence à darder ses rayons. Nous entendons un curieux bruit de tôles. "Vite, elles arrivent". "Elles", ce sont les vaches qui descendent de leur alpage pour passer l'hiver dans la plaine. Elles ont "mangé la montagne", expression facile à comprendre : on monte les vaches pour leur faire des mollets, et surtout pour qu'elles mangent ailleurs que dans les champs où les fenaisons permettent de constituer les réserves pour l'hiver.
 
Donc, en automne, elles descendent. Qu'elles sont belles avec leurs sonnailles, leurs bouquets de fleurs et leur poil luisant. Le cortège s'ouvre avec les membres de la famille concernée en tenue traditionnelle, puis les bêtes encadrées par les vachers.
 
 
 
 
 
 
 
 
J'ai un peu l'impression d'assister au tour de France. On attend longuement les coureurs, et quand enfin ils sont là, ils ont déjà disparus, tant leur vitesse est grande. Le troupeau défile à grande vitesse, et déjà il a disparu dans le bruit des sonnailles.
 
Nous poursuivons notre chemin jusqu'au village. Il nous faut traverser une voie ferrée n'ayant pour seule indication qu'un feu et aucune barrière (c'est le seul passage de tout le canton qui n'est pas encore sécurisé). Nous voyons arriver le train au loin. Il passera tout au long de la journée pour amener ou ramener des visiteurs.
 
 
Dans le village, c'est la fête : des stands proposant de l'artisanat,
 
 
 
 
 
 
 
d'autres des plats traditionnels comme les bricelets (fines gaufres enroulées sur elles-mêmes),
 
 
 
 
du vin cuit (jus de poire cuit au chaudron durant 30 heures),
 
 
 
soupe d'alpage, saucisses, cuchaule (brioche au safran) et sa moutarde si particulière. Il y a même une foire aux bestiaux.
 
Les sonneurs se fraient un passage à travers la foule. On ne voit plus que les cors qui dépassent les têtes. Ce sont 31 sonneurs qui vont se rassembler pour nous régaler de leur musique.
 
 
 
Régulièrement nous quittons les allées pour reprendre notre faction au bord de la route et voir défiler les troupeaux. Ils se succèdent, toujours avec la même rapidité. Pour certains, ce sera 7 heures de marche !
 
Nous avons goûté aux bricelets, aux caramels mous à la crème d'alpage, et j'ai trouvé un pot à lait pour remplacer celui dont le couvercle ne fermait plus rien. Je vous propose de clore cette belle matinée avec quelques photos qui démontreront définitivement que le peuple suisse est propre.
 
 



 Après chaque passage de troupeau, deux hommes s'affairent derrière une carriole tirée par un cheval : l'un ramasse les bouses des vaches, l'autre disperse de la sciure sur le sol !

samedi 1 octobre 2016

Nouvelles

Me voici de retour après un petit mois de retrait. Je "sous-marinais" avec bonheur, mais ne trouvais plus l'allant pour rédiger des billets. La vie de famille évolue, les verres renversés à l'heure des repas se font rares, le dentifrice reste dans son tube sans se répandre dans le lavabo, les serviettes de table ne servent plus à fouetter (gentiment) son voisin de table, bref, les évènements ne sont plus les mêmes et il me faut retrouver un nouveau style, un autre rythme.
 
Parallèlement, les blogs que j'ai connus au moment où j'ai ouvert le mien, les blogueuses que j'ai rencontrées ou avec qui j'ai largement échangé par mail perso se sont faites rares, ont mis fin à leur blog ou, après une petite sieste, lui ont administré un somnifère. Bien entendu, on échange toujours par mail ou par téléphone, mais moins souvent. Pour reprendre une vie sociale sur la blogosphère, il me faudrait dépenser une énergie que je n'ai pas.
 
A cela, vous ajoutez un virement net dans ma vie familiale puisque j'ai repris des études : deux années sur les bancs de l'université, à rencontrer des gens très sympas, de tous âges, de tous milieux, était une expérience très enrichissante. Les soirées passées à travailler les cours pris dans la journée m'ont forcément un peu éloignée de mon clavier.
 
A ce jour, j'ai mis un terme (provisoire) à la vie universitaire suisse, les enfants ayant montré une certaine exaspération lorsque leur maman n'a plus été à la maison pour les accueillir au retour de l'école, ou lorsqu'ils ont dû mettre à réchauffer le déjeuner alors que je rentrais après eux. Je ne parle même pas de mon cerveau jonglant avec les nouvelles notions acquises alors qu'il aurait dû être tourné vers les conversations de mes enfants.
 
Par conséquent, je poursuis mes cours par correspondance en droit canonique à Strasbourg, lesquels cours ne me prennent que trois semaines d'absence par an. C'est gérable : lorsque je pars, la buanderie est vide, le congélateur plein, et la feuille posée sur la table de la cuisine indique quel plat est à sortir du congélateur, son mode d'apprêt...
 
Pour ne pas être totalement isolée, je reste auditrice à Fribourg pour deux cours : le cours de lecture de latin qui a pris un niveau de plus depuis qu'un latiniste nous a rejoints, et un cours de droit canonique dispensé en allemand pour me permettre d'apprendre le vocabulaire technique. J'y ai ajouté des lectures personnelles, et une organisation quotidienne rigoureuse pour ne pas me perdre dans un laisser-aller que je déplorerais.
 
A présent, je me sens disponible, je reprends les sorties, excursions, visites les week-ends (des billets vont suivre sur nos pérégrinations), et je vais reprendre une vie blogesque plus régulière !
 
@ très vite !