"Allons à Albeuve pour voir la désalpe". Sitôt dit, sitôt fait.
Après une demi-heure de route, nous arrivons en vue du village. Des pompiers et des bénévoles nous guident à travers champs et nous indiquent où nous garer. Il est 8 heures 30, il fait frais encore, mais le soleil commence à darder ses rayons. Nous entendons un curieux bruit de tôles. "Vite, elles arrivent". "Elles", ce sont les vaches qui descendent de leur alpage pour passer l'hiver dans la plaine. Elles ont "mangé la montagne", expression facile à comprendre : on monte les vaches pour leur faire des mollets, et surtout pour qu'elles mangent ailleurs que dans les champs où les fenaisons permettent de constituer les réserves pour l'hiver.
Donc, en automne, elles descendent. Qu'elles sont belles avec leurs sonnailles, leurs bouquets de fleurs et leur poil luisant. Le cortège s'ouvre avec les membres de la famille concernée en tenue traditionnelle, puis les bêtes encadrées par les vachers.
J'ai un peu l'impression d'assister au tour de France. On attend longuement les coureurs, et quand enfin ils sont là, ils ont déjà disparus, tant leur vitesse est grande. Le troupeau défile à grande vitesse, et déjà il a disparu dans le bruit des sonnailles.
Nous poursuivons notre chemin jusqu'au village. Il nous faut traverser une voie ferrée n'ayant pour seule indication qu'un feu et aucune barrière (c'est le seul passage de tout le canton qui n'est pas encore sécurisé). Nous voyons arriver le train au loin. Il passera tout au long de la journée pour amener ou ramener des visiteurs.
Dans le village, c'est la fête : des stands proposant de l'artisanat,
d'autres des plats traditionnels comme les bricelets (fines gaufres enroulées sur elles-mêmes),
du vin cuit (jus de poire cuit au chaudron durant 30 heures),
soupe d'alpage, saucisses, cuchaule (brioche au safran) et sa moutarde si particulière. Il y a même une foire aux bestiaux.
Les sonneurs se fraient un passage à travers la foule. On ne voit plus que les cors qui dépassent les têtes. Ce sont 31 sonneurs qui vont se rassembler pour nous régaler de leur musique.
Régulièrement nous quittons les allées pour reprendre notre faction au bord de la route et voir défiler les troupeaux. Ils se succèdent, toujours avec la même rapidité. Pour certains, ce sera 7 heures de marche !
Nous avons goûté aux bricelets, aux caramels mous à la crème d'alpage, et j'ai trouvé un pot à lait pour remplacer celui dont le couvercle ne fermait plus rien. Je vous propose de clore cette belle matinée avec quelques photos qui démontreront définitivement que le peuple suisse est propre.
Après chaque passage de troupeau, deux hommes s'affairent derrière une carriole tirée par un cheval : l'un ramasse les bouses des vaches, l'autre disperse de la sciure sur le sol !
belle ambiance, même si on n'a que les images et qu'il faut imaginer les bruits, les odeurs... :-)
RépondreSupprimerQuelles sont belles des fêtes et ces traditions !
RépondreSupprimerJe viens justement de regarder un documentaire tv sur la désalpe ! Très intéressant et beau.
RépondreSupprimerMon corniste a commencé son apprentissage du cor d'harmonie par le cor des Alpes afin d'appréhender le travail de l'embouchure. Imagine ma stupeur lorsque je suis entrée dans la salle de cours pour emporter l'instrument à la maison !!! Bien heureusement, mon sonneur en herbe n'a eu qu'à glisser l'embouchure dans sa poche. Et très vite, il est passé au travail du cor d'harmonie nettement plus aisé à transporter !
L'embouchure du cor des Alpes est en bois et assez grande. On peut aussi se servir d'une embouchure de trombone : les deux instruments ont la même longueur, simplement l'un est roulé et l'autre pas !
SupprimerJe croyais que ton fils jouait du trombone. A-t-il changé d'instrument ?
Oh non, il n'a pas changé d'instrument, il aime bien trop le trombone pour ça ! C'est son frère qui joue du cor.
SupprimerJe reste pantoise devant tant de propreté!!
RépondreSupprimerJe crois que je vais venir habiter en suisse (même s'il faut porter des chemises à fleur!)
Et quand je pense que j'étais à Fribourg le lundi.......
RépondreSupprimerOui mais le dimanche, j'étais aux chutes du Rhin à Shaffahausen et à Stein am Rhein : deux merveilles !