Parfois, on entre dans des situations inextricables qui nous obligent à déployer des artifices de séduction pour que les rapports humains retrouvent une place normale.
J'ai une amie qui, parmi ses enfants, a une fillette absolument adorable de presque 4 ans. Voilà deux ans que je la connais, et depuis le début cette fillette, appelons-la Capucine, me jette des regards noirs. Bien plus, elle pleure de toutes les larmes de son corps, avec conscience et application. Jusqu'à présent, ce n'était somme toute pas si grave, parce que nous nous voyions peu avec Capucine. Mais depuis que nous faisons plus régulièrement des cafés-travaux d'aiguilles (couture, tricot...), Capucine, sitôt réveillée de sa sieste, hurle sa peine de devoir partager sa jolie maman avec moi. Il faut dire qu'elle a un sens assez particulier de l'amitié : les amies de sa mère sont d'abord les siennes.
En pratique, passer deux heures à faire de la couture ou du tricot équivaut à entendre Capucine pleurer deux heures durant sans interruption. Personnellement, je n'en étais pas affectée, je ne l'entendais même pas. Mais de savoir que cette petite se croyait obligée de se rendre malheureuse sous prétexte que je passais du temps dans le salon de sa maman me semblait excessif.
Après réflexion, j'ai eu l'idée de développer une opération séduction. J'ai, dans mes cartons, des sacs que j'ai cousus il y a longtemps, et qui me permettent de faire des cadeaux ciblés quand nécessaire. J'ai choisi un petit sac rose, j'y ai glissé une pelote de laine rose et des aiguilles à tricoter. Ensuite, j'ai pris un rendez-vous "café-tricot" en demandant à la maman de Capucine de la préparer à ma venue, de lui dire que je voulais faire la paix avec elle et que j'avais une surprise pour elle.
Hier, sitôt arrivée, son grand frère s'est précipité pour lever sa sœur de sa sieste : "Je lui ai promis de la réveiller dès l'arrivée d'Alphonsine". J'ai vu passer une petite fille endormie me regardant du coin de l'œil. Je me suis précipitée pour faire la paix, puis lui donner le petit sac. Ses yeux bruns que je n'avais vus que noirs et lançant des éclairs, se sont remplis d'étoiles et de douceur.
Nous avons tous tricotés, les enfants m'ont montré les jolis pompons qu'ils avaient réalisés durant les vacances, j'en ai choisis deux pour les coudre au bas de l'écharpe que Capucine a voulu tricoter pour sa poupée. Je l'ai aidée à la finir (et aussi à la commencer, à la continuer et à rattraper les mailles), et dès ce matin je la glisserai dans sa boîte aux lettres : la météo annonce de la neige pour la semaine à venir, la poupée se doit d'être prête à affronter les premiers frimas !
Quelle belle leçon de pédagogie enfantine !
RépondreSupprimerUne fois de plus c'est prouvé : tout sauf l'indifférence ;)
Une jolie histoire, et une petite écharpe trop mignonne. :)
RépondreSupprimerMerci Alphonsine pour ton article qui ma fait beaucoup rire ! C'était bien vu et l'opération séduction a dépassé toutes tes espérances ! La petite Capucine est ravie !
RépondreSupprimerTiphaine
Comme j'aime ta façon de "lire" avec justesse dans les attitudes des uns ou des autres. Je ne sais pas si c'est le recul, ou l'expérience ou une qualité rare mais j'aimerais avoir ce sens aussi aiguisé que tu l'as toi ! La clairevoyance ...Bravo... pas étonnant que la petite ait succombé !
RépondreSupprimervraiment alphonsine tu es trop forte... Que j'aimerais te connaitre en vrai! (non pas parce ce que je veux un sac rose ;-)
RépondreSupprimerTu es dure en affaires : comment Capucine pouvait-elle ne pas capituler ?
RépondreSupprimer