Je suis Moleskine-agenda, vous ne
me connaissez que par Moleskine-carnet à couverture rigide et à papier non
ligné. Le malheureux, il ne se porte pas bien du tout, pire encore, il ne
décolère plus, il est mortellement jaloux de moi, il a l’impression d’avoir été
relégué en second plan dans le cœur d’Alphonsine. J’ai beau lui expliquer que
ce n’est pas vrai du tout, il se refuse à entendre que notre chère propriétaire
garde toute son affection pour son premier né. Il est vrai qu’avec sa famille
et ses études, Alphonsine n’a plus le temps d’ouvrir mon cousin pour y aligner
ses mots et ses lignes. Il est rangé sur une étagère et ne bouge plus. Lui qui
aimait tellement se promener dans le sac à main de sa maîtresse, il se
désespère.
Pour ma part, je suis heureux. J’ai
pris place dans un sac de cours et je me balade partout. Alphonsine note ses
rendez-vous, bien entendu, sur les pages de gauche, mais également tout ce qu’elle
a à faire sur les pages de droite : cours à préparer, devoirs à rendre,
adresses des rendez-vous. Elle y colle les cartes de visite indispensables, les
billets de train pris en avance, je détiens son carnet d’adresse. Mes pages se
noircissent, non de jolies histoires comme chez mon cousin, mais de quoi
reconstituer une jolie histoire : celle d’Alphonsine. Elle se sert aussi
de stylos de couleurs pour mettre en relief des choses vraiment importantes.
Oserais-je confier qu’elle a même trouvé des gommettes et qu’elle s’amuse à s’en
servir ?
A ce sujet, l'autre jour, elle venait d'acheter ses gommettes. Elle s'est rendue à une conférence obligatoire dans le cadre de ses cours. C'était amusant : elle s'est assise au dernier rang pour pouvoir s'occuper ! J'ai été très fier lorsqu'elle a jeté son dévolu sur moi : elle a commencé par gommer tout ce qui était écrit au crayon, en recopiant ces notes à l'encre. Tout cela n'aurait pas été dramatique, mais en gommant (avec énergie), elle faisait trembler la table et agaçait ses voisins. Puis elle a pris ses gommettes et les a collées selon un artifice qui lui était propre sur certaines de mes pages. Elle a admiré son travail et a tout rangé : la conférence avait pris fin. Elle a voulu poser une question provocante pour mettre un peu de piment dans le monologue terne du conférencier, mais son voisin l'en a dissuadée parce qu'il était déjà midi et qu'il avait faim ! Devant un tel argument, personne ne peut résister, même pas Alphonsine !
A ce sujet, l'autre jour, elle venait d'acheter ses gommettes. Elle s'est rendue à une conférence obligatoire dans le cadre de ses cours. C'était amusant : elle s'est assise au dernier rang pour pouvoir s'occuper ! J'ai été très fier lorsqu'elle a jeté son dévolu sur moi : elle a commencé par gommer tout ce qui était écrit au crayon, en recopiant ces notes à l'encre. Tout cela n'aurait pas été dramatique, mais en gommant (avec énergie), elle faisait trembler la table et agaçait ses voisins. Puis elle a pris ses gommettes et les a collées selon un artifice qui lui était propre sur certaines de mes pages. Elle a admiré son travail et a tout rangé : la conférence avait pris fin. Elle a voulu poser une question provocante pour mettre un peu de piment dans le monologue terne du conférencier, mais son voisin l'en a dissuadée parce qu'il était déjà midi et qu'il avait faim ! Devant un tel argument, personne ne peut résister, même pas Alphonsine !
Alphonsine a très bon goût!
RépondreSupprimerJ'adore quand tes cahiers parlent (et c'est tellement vrai que la faim est souvent plus forte que la curiosité dans un amphithéâtre...)
RépondreSupprimerdes bises
A la fin d'une conférence ennuyeuse, je ne résisterais pas non plus à l'argument !
RépondreSupprimerMoleskine carnet est bien à plaindre, mais il y a fort à parier qu'Alphonsine elle-même est désolée de cet état de fait , et que si elle le laisse sur l'atgère c'est pour qu'il ne s'abîme pas inutilement dans son sac. Il voyagera probablement de nouveau aux prochaines vacances. Non?
Les prochaines vacances, ce sera en été. Le très long inter-semestre (6 semaines) me permettra de passer mes examens de droit canonique, de faire les stages requis et de débuter les travaux de droit canonique du semestre suivant... Il n'a pas fini d'attendre, et moi non plus !
SupprimerJ'aime beaucoup cette histoire de carnets :)
RépondreSupprimerMilorad Pavic précise, dans le Dictionnaire Khazar, que l'auteur doit écrire avant de manger, pour être concis, ce que le lecteur lira après manger, rassasié et enclin à la mansuétude. J'imagine qu'à l'Université, il y a des règles tacites du même genre..;
Excellent, je ne connaissais pas ce livre, ni cet auteur.
SupprimerA l'université c'est l'inverse : il vaut mieux écouter un professeur l'estomac vide que plein où on est enclin à la sieste post-prendiale !
Il a raison Moleskine-Agenda : il est le détenteur d'une jolie histoire !
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