mercredi 14 octobre 2015

Mon arbre (4/5)

Tagguée par Ma', il m'appartient de trouver cinq photos, de raconter cinq histoires et de désigner une autre bloggeuse pour jouer le jeu. Voilà la quatrième histoire. Je n'ai pas trouvée la photo tant aimée, j'en ai choisi une équivalente. Le premier qui me fait remarquer qu'il s'agit d'un pommier sur la photo sera traité d'affreux concret dont l'âme n'est pas capable de gymnastique fondamentale. J'abandonne l'idée des cinq blogueuses à choisir...

 
C’était à cause de cet arbre que j’avais acheté la maison. Il était si joli au milieu du pré non entretenu, parmi les herbes folles, et les quelques orties qui nous battaient les jambes. Il était presque adossé à une palissade, installée là pour délimiter le champ des chèvres. Les chèvres étaient parties avec les précédents habitants, la palissade était restée. L’arbre aussi. Qu’il était beau, il avait déjà bien vécu, portait ses branches de façon majestueuse, et, délicatement, les laissait s’incliner vers la terre pour nous permettre, le moment venu de cueillir les fruits avec gourmandise. Il était déjà lourd de belles mirabelles encore vertes. Il promettait une belle récolte.
 
En visitant la maison puis les dépendances, je ne pensais qu’à cet arbre. Ce souvenir avait tout enjolivé, je voyais la maison bien plus belle qu’elle n’était en réalité, tout était rendu plus beau par cet arbre, si grandiose et en même temps si discret.
 
La première fois que nous avons ouvert le portail avec notre clef, nous sommes directement allés au jardin pour rendre visite à l’arbre. Il n’était pas seul, pourtant, d’autres arbres vivaient sur la même parcelle. Des pommiers, un pêcher, des quetschers, un cerisier, un autre mirabellier, des noisetiers. Il y avait même, bonheur suprême des enfants, un noyer somptueux immédiatement pris d’assaut. Ses grosses branches frôlant le sol permettaient des jeux fantastiques dans les airs. Il était tour à tour navire, camion, aéronef. Une balançoire avait été improvisée : une grosse corde arrimée à une mère branche, un gros tube en carton ayant servi au transport d’une moquette, et voilà 6 enfants répartis de part et d’autre du tuyau.
 
Mais l’arbre de prédilection restait le mirabellier au branchage si harmonieux. A la fin de l’été, il nous donna des fruits exquis, des mirabelles si belles, jaunes, virant sur le rouge, au goût de miel. J'en fis des conserves et des confitures, nous nous régalâmes tout l'hiver, puis toutes les autres saisons jusqu'à la cueillette suivante.

Hélas, il était déjà bien vieux. Chaque année le voyait réduit d'une grosse branche, chaque année la récolte diminuait. Puis arriva l'inévitable : il était si desséché que nous n'eûmes plus qu'une poignée de mirabelles, toujours aussi goûteuses, mais  en si petite quantité que la question se posa pour la première fois au printemps suivant : ne faudrait-il pas en faire du bois de chauffage ? Je contemplais cet arbre bien aimé, assise au milieu du champ. Un étrange vol d'oiseaux attira mon attention : cet arbre si creux qui ne pouvait plus produire de fruit contenait en son sein la vie même : une couvée d'oisillons piaillant à qui mieux mieux pour avoir la pitance des parents affairés.

Je me levai et souris : cette fois, c'était bien sûr, cet arbre aurait la vie sauve !

 


8 commentaires:

  1. Tu me ravis avec cette histoire.
    J'aime beaucoup cette idée du vieil arbre fruitier qui entame une deuxième vie.
    Et j'imagine que tu devines les extensions métaphoriques que ton récit fait naître en moi... ;-)

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  2. Qu'elle est belle cette histoire ! Douce, poétique, et si pleine d'espoir... Merci Alphonsine !

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  3. J'aime cette histoire, elle est jolie comme un conte.

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  4. Mais c'est une histoire vraie. L'arbre qui m'a fait craquer, c'était le mirabellier aux branches tombantes. Et l'arbre qui a accueilli le nid, c'est un quetschier.
    Une année nous avions voulu faire des travaux dans la porcherie. Finalement, nous avons appelé l'entreprise pour repousser les travaux : des rouge-queues s'étaient nichées dans le creux d'une poutre. L'entreprise voulait un motif, nous lui avons donné la raison. Autant dire que nous sommes passés pour des doux-dingues. Ca me ravit !

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    1. Oui Alphonsine, te connaissant un peu, je m'en doutais bien et c'est exactement pour cela que je dis qu'elle est belle comme un conte!

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  5. J'ai beaucoup aimé cette histoire d'autant qu'elle se termine bien.
    J'en ai aussi profité pour visiter ton blog et j'ai bien fait car je sais désormais comment repriser le trou au genou de mon pantalon.Il n'y a plus qu'à... Et je sais aussi que nous avons vécu dans la même ville (celle des éléphants).

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    1. Bravo pour votre patience ! Habitez-vous toujours dans cette ville ? Pour ma part, j'y suis restée 9 mois, juste le temps d'avoir un bébé et de repartir ! Mais j'en ai gardé un souvenir très agréable, et j'y retourne volontiers.
      Bon courage pour les reprises !

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  6. J'ai lu cette belle histoire avec envie car mon mirabellier planté il y a 3 ans m'a donné une poignée de fruits goûteux et sucrés à souhait : des bonbons ! et le questchier planté il y a 5 ans que 3 fruits acides ! mais chaque année je garde espoir car il y a beaucoup de fleurs ! Quant aux oiseaux, il y a les mésanges qui viennent picorer de-ci de-là ! Dany60

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