Il y a quelques temps, je me suis aperçue qu'Anatole n'avait aucune notion des prix et du coût de la vie. Je me suis promise de l'emmener faire les courses hebdomadaires à la prochaine occasion. L'occasion, c'était hier. Je l'ai entraîné de force dans la voiture. Il n'en avait aucune envie mais s'est soumis facilement : avoir sa mère (on ne dit plus "maman" à cet âge) pour soi tout seul, pouvoir parler sans être interrompu, cela vaut toutes les misères du monde à supporter, dont celle de faire des courses. Je lui avais promis que nous regarderions les prix des articles, mais sitôt dans mon élément (le même magasin depuis 25 ans qui, dans toutes ses succursales range ses articles de la même façon pour permettre aux femmes pressées de résoudre l'équation des courses en moins d'une demi-heure), j'ai oublié mes bonnes résolutions et j'ai remplis mon caddie.
Je n'avais jamais fait les courses avec Anatole. C'est un garçon très organisé qui ne se met pas devant moi avec son caddie, il devance mes gestes, me décharge rapidement de ce qui m'encombre pour le ranger avec exactitude dans le chariot, et surtout, ne me parle pas intempestivement pendant que je réfléchis à ce qui me manque.
Bref, nous sommes arrivés aux caisses en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Et c'est à ce moment précis que j'ai compris que "tel est pris qui croyait prendre", je ne ferai plus jamais les courses de la même façon.
Anatole, au lieu de faire comme tous les êtres humains, a rangé consciencieusement chaque article avec soin. J'ai regretté de ne pas avoir emporté mon appareil photo. Mais si je vous dis que le dessus du tapis roulant ressemblait au Tétrix : chaque boîte était positionnée dans le prolongement de la précédente, placée dans la longueur ou la largeur selon les nécessités, les légumes (que j'achète sans sachet) rangés avec soin, seul le tube de mayonnaise a occasionné des regrets à mon cher Anatole : il refusait de rester debout sur son capuchon, les mouvements sporadiques du tapis lui faisant régulièrement perdre son équilibre.
Depuis vendredi 29 janvier 2016 à 16.07 heures, ma vie n'est plus la même. Dorénavant je ne pourrai plus simplement poser mes articles en vrac sur le tapis roulant. Je nage dans le regret sincère : moi qui me targue d'être tellement maniaque, je n'ai même jamais pensé à développer cette tendance jusqu'au tapis des supermarchés. J'ai perdu plus de 2.000 occasions de ranger proprement mes achats, je me remets difficilement de ces 2.000 occasions perdues.
Mais comment Anatole qui peut rester béat d'admiration devant le rangement d'un camion de déménagement, ranger des briques à perfection et au-delà de ce qui lui est demandé (voir ICI) supporte-t-il d'avoir un bureau frisant le capharnaüm ?
Je pense que ce que tu appelles un "capharnaum" est rangé selon des critères propres à Anatole et difficiles à comprendre par autrui.
RépondreSupprimerQuel dommage que tu n'aies pas pris de photo du tapis roulant, pourrais-tu demander à Anatole de t'accompagner une seconde fois, juste pour la photo ?
Marie-L.
Mon premier com n'est pas passé ... Je propose que tu invites de nouveau Anatole à t'accompagner en lui suggérant cette fois ci de ranger les courses sur le tapis ...par ordre de prix décroissants... Histoire de satisfaire tout le monde quoi ...
RépondreSupprimerC'est drôle ce que tu dis car c'est le drame de ma vie: ma mère est tellement efficace en tout qu'elle n'a jamais réussi à avoir le réflexe de m'apprendre le cout des choses ou les astuces pour la maison, à chaque fois elle se disait qu'elle allait s'y mettre, et à chaque fois, prise par le temps, elle allait plus vite que la lumière. ;-)
RépondreSupprimerla chute est amusante ! comme quoi nous avons tous nos paradoxes mais il est bien probable que l'explication soit dans le 1er com !
RépondreSupprimerquelque soit la manière dont tu rangeras à l'avenir le tapis, tu le feras en pensant à ton fils et ça c'est chouette !