- Non Madame,
il est de 2003.
- Mais
laissez-moi passer, je suis avec ce groupe.
- Impossible,
vous ne pouvez pas passer, il faut rentrer chez vous.
- Faites
quelque chose, dites-moi comment je peux faire pour partir.
- Il n’y a pas
de solution, et mettez-vous de côté, avec tous les soucis techniques nous avons
pris du retard.
J’eus beau
discuter, insister, solliciter, rien n’y fit. J’étais encore en train de
négocier que l’avion décollait. Et comme j’avais pris un billet de groupe, il
était impossible de décaler mon vol. Je me trouvai totalement désappointée
lorsque je m’aperçus que tout mon groupe était parti sans moi, indifférent à
mes soucis. Pourtant c’est moi qui avais tout organisé pour notre bande d’amis.
Je me trouvai dans un immense hall d’aéroport, la
valise à mes pieds, mon passeport à la main. Je regardai incrédule les horaires
de départ défiler sous mes yeux. Je ne sais combien de temps je restai ainsi,
immobile, mais d’un coup, dans ce hall devenu désert, je fus violemment
bousculée par deux jeunes filles. Je ne les avais pas vues venir. Elles me
prirent toutes deux par un bras et me dirent : « Allez, vite, nous
allons être en retard ». Je n’eus que le temps de dégager un bras pour
saisir la poignée de ma valise. Je fus littéralement emportée dans leur
mouvement.
Nous passâmes
par une petite porte, courûmes à travers des couloirs immenses, descendîmes des
escaliers et en montâmes d’autres et nous arrêtâmes soudain devant une porte
vitrée donnant sur la piste. Nous n’eûmes pas longtemps à attendre, j’eus juste
le temps de reprendre haleine quand un homme s’arrêta, au volant d’une voiture.
Il nous fit signe de monter. Nous lançâmes nos valises dans le coffre, et nous
assîmes. Le véhicule bondit sur le tarmac et nous emporta vers un hangar.
Entretemps, j’avais eu le temps de reprendre mes esprits : « Où
allons-nous ? » La jeune fille assise à côté de moi se mit à rire,
mais ne répondit pas. Avais-je dit quelque chose de drôle ? De toute
façon, nous étions arrivés. On m’entraîna dans l’avion dont le moteur tournait
déjà, pendant que l’homme se chargeait d’arrimer nos bagages dans la soute.
L’avion s’engagea sur la piste. Il était inutile d’envisager une conversation,
le moteur de l’appareil était bien trop bruyant.
Je le regardai faire demi-tour en bout de piste. J’ai
toujours aimé les décollages. Cette sensation d’être suspendue dans l’air et
porté par lui était sans cesse un nouveau bonheur. Nous montions vite. L’avion
traversa les nuages et vola sous le soleil. J’étais éblouie. Je fermai les
yeux. J’eus brusquement un éclair de lucidité : je venais de me faire
enlever, mais pour quelle destination ? Rome ?
J'étais
installée sur la banquette arrière, une des jeunes filles était assise à côté
du pilote, l'autre à côté de moi. J'essayai d'entrer en communication avec
elle, mais elle n'écoutait pas, et de toute façon le bruit de l'avion aurait
couvert mes questions. Je me retournai : derrière le dossier, on avait un accès
direct à la soute. Il n'y avait que nos bagages. Pourtant, ce sac ? Se
pourrait-il que ce soit un parachute ? Mais à quoi bon ? Je doutai qu'on me
laisse déballer ce truc, et ensuite, je sauterais par où ? Et puis comment, je
ne savais pas me servir d'un parachute.
Lorsque je me
réveillai, nous étions en phase d’atterrissage. Il faisait nuit. Je ne pus
tirer aucun indice de l’endroit où je me trouvai. J'aurais tout aussi bien pu
me trouver en Sibérie que sous les tropiques. Combien de temps avais-je pu
dormir ? Aucune idée, mais aussi pourquoi avais-je cette manie de vivre
sans montre ? Un si petit avion ne devait pas avoir une autonomie très
importante, je ne pouvais avoir atterri bien loin.
L’avion s’arrêta bien avant les bâtiments de l'aérogare. Ils n’étaient pas
illuminés. Il n’y aurait donc aucune aide à trouver de ce côté. Je me levai en
même temps que les deux autres passagères, et je m’extirpai du cockpit. Je
sautai au sol, le pilote me donna ma valise sans dire un mot et je suivis mes
deux compagnes. Elles marchaient à travers champs. Bientôt, j’eus les pieds
trempés et j’avançais difficilement avec mes escarpins à talons aiguilles. Les
deux demoiselles ne s’occupaient pas de moi. J’eus peur qu’elles ne me laissent
en plan, mais au moment où j’allai les héler, l’une d’elle se retourna :
- Mais
dépêche-toi donc.
- Je ne peux
pas avec ces chaussures.
- Alors
enlève-les et marche pieds nus, nous n’avons que trop de retard.
Je m’arrêtai,
retirai mes escarpins pleins de boue.
- Allez, vite,
sinon il sera encore mécontent.
- ZUT !
Mais que faisais-je là, et pourquoi les suivais-je ? Je ne savais même pas
qui elles étaient, ni où j’étais, et encore moins où nous allions. Pour moi qui
aimais avoir une petite vie rangée, c’en était trop. J’allais au plus vite
rejoindre les bâtiments de l’aéroport. Mais où étaient-ils ? Avec cette
nuit sans lune, je ne distinguai plus rien. Bon. Je pris une décision :
« je vais rattraper ces deux filles, leur expliquer qu’il y a une erreur,
et elles m’aideront à rentrer chez moi. »
Je courus pour
les rattraper, mais déjà elles escaladaient la clôture en passant leurs sacs.
- Vite,
pourquoi traînes-tu ? Ne sais-tu pas qu’il faut faire vite ?
L’une prit ma
valise et d’un geste ample la fit passer par-dessus la palissade. Elle suivit
en prenant appui sur un bras et en balançant ses jambes sur le côté. Je fis de
même après avoir lancé mes chaussures à côté de ma valise. Je me rétablis tant
bien que mal, tombai sur les genoux et les mains, me redressai, ramassai ma
valise et mes escarpins et couru derrière les filles. Elles n’avaient
qu’un petit sac à dos chacune, et je devais traîner une valise. Les escarpins
me glissaient des doigts, mon sac à main ne tenait pas sur mon épaule, je finis
par serrer mes chaussures contre moi. Je devais avoir piètre allure, mais ne
m’en souciais pas, si je n’accélérai pas, je serai abandonnée.
J’étais pleine de boue : les pieds, les genoux,
les mains. A présent mon chemisier et mon sac à main. Une pluie fine se mit à
tomber. Je posai ma valise, écartai mes cheveux de mon visage. J’avais oublié
la terre sur mes mains. Tiens, les jeunes filles s’étaient arrêtées à leur
tour, j’allais enfin pouvoir leur poser des questions, leur parler et leur
expliquer qu’il y avait une erreur.
J’étais encore loin lorsqu’une voiture s’arrêta devant
elles dans un crissement de freins. Elles se retournèrent vers moi et
crièrent : « Allez, vite, vite, il va être furieux ». Je me dépêchai,
les chaussures contre moi, la valise toute crottée à la main, le sac à main
glissant, les cheveux trempés. En arrivant, le chauffeur me débarrassa de la
valise et la jeta dans le coffre. Les filles me poussèrent dans la voiture, et
nous voilà repartis. Le chauffeur avait mis la radio en marche, le son hurlant
de la musique empêchait toute conversation. Je commençais à en avoir assez. Je
me mis à hurler pour me faire entendre. Les jeunes filles me regardèrent avec
étonnement. L’une me dit « Mais que se passe-t-il ? ». Le
chauffeur tourna brutalement à droite ce qui me rejeta contre ma voisine,
accéléra dans un chemin bordé d’arbres, et s’arrêta dans un crissement de frein
devant une belle demeure.
Les deux femmes bondirent hors de la voiture, grimpèrent
les marches du perron et s’engouffrèrent dans la maison. Le chauffeur me posa
ma valise à côté de moi, et repartit encore plus vite qu’il n’était venu.
Aujourd’hui, je me rends compte que les décisions que
j’ai pu prendre m’étaient comme dictées par l’extérieur. De moi-même, jamais je
n’aurais suivi des étrangères dans un aéroport, ni accepté de grimper dans
l’avion, ni couru à travers champs, encore moins je ne serais montée dans la
voiture, et dans tous les cas, je serais repartie vers la route quitte à
marcher durant des kilomètres pour trouver une ville ou à tout le moins une
bourgade. J’ai donc fait ce que je n’aurais pas fait : j’attrapai la
poignée de la valise, montai à mon tour les marches et tirai le cordon de la
cloche qui pendait à côté de la porte.
Un majordome ouvrit la porte. Un majordome… je retins
un sourire, je n’en avais jamais vu de ma vie. « Mademoiselle est
attendue, elle est priée d’entrer ». J’entrai, le serviteur ferma la
porte, traversa le hall, pénétra dans une pièce dont il ferma également la
porte. J’étais à nouveau seule, mais cette fois, je n’en étais pas mécontente.
Je me sentais tellement décalée au milieu de cette magnificence. Sur la droite,
un escalier monumental se terminait sur une galerie. Devant moi, une immense cheminée,
et partout, des portes. Je sentis le froid du marbre sur mes pieds, je baissai
les yeux : mes pieds plein de boue et humides faisaient une flaque sur le
sol. Brutalement j’eus un choc : je me vis dans un grand miroir placé à
côté de la porte d’entrée. J’avais piètre allure : mon chemisier et ma
jupe étaient tâchés, je tenais mes escarpins boueux sur mon cœur, j’étais
échevelée et maculée de boue.
« Enfin,
vous vous êtes fait attendre, mais vous voilà parmi nous. » Je me
retournai et me trouvai face à un homme, grand, élégant, aux cheveux poivre et
sel. Il devait avoir une cinquantaine d’années. Je regardai l’homme avec
stupeur et tentai de prendre un air digne. Je me reculai de deux pas, posai mes
escarpins sur le carrelage et les enfilai. Je senti des cailloux qui
pénétraient ma plante de pieds, mais je ne me sentis pas le courage des secouer
mes chaussures. En me relevant, je levai la tête, et le fixai avec effronterie
: « Je vous prie de bien vouloir m’excuser, mais nous n’avons pas été présentés.
- Cela ne
m’étonne pas. Veuillez me suivre.
- Ah non, il
n’en est pas question, je ne bougerai pas d’ici. En voilà assez.
- Je vais
demander à Manfred de vous conduire à votre chambre, puis vous nous rejoindrez
pour le dîner ». Il tourna les talons et disparut dans une des pièces.
C’était incroyable, une fois encore je me trouvai stupide, ayant manqué
l’occasion de m’exprimer. J’aurais dû m’agripper à lui, lui intimer l’ordre de
me renseigner, chercher à … Et puis en voilà assez. Je me baissai, retirai mes
chaussures, les secouai sur le paillasson et les enfilai à nouveau, puis
marchai en direction de la pièce où était entré l’homme. J’ouvris la
porte : personne. J’entrai, c’était une salle à manger. La vaste table
devait permettre à trente convives de se réunir autour d’elle. Je vis une autre
porte, l’ouvris, et c’est ainsi que je fis le tour de tout le hall en passant dans
les pièces en enfilade : après la salle à manger, le salon, puis un petit
salon, puis une bibliothèque absolument somptueuse. Autour de la pièce courait
une mezzanine. Deux escaliers en colimaçons permettaient d’y accéder. Mais je
n’avais pas le temps de m’y arrêter. Je me retrouvai dans le hall. Où était
donc passé cet homme ?
« Je vous
en prie, c’est par ici, veuillez me suivre ». Manfred me précéda dans
l’escalier magistral. Je le suivis. Nous gravîmes deux étages, arpentâmes un
long couloir. Il ouvrit enfin une porte, me laissa passer, et dit « Le
dîner sera servi à deux heures ». J’étais seule dans une immense pièce. Un
lit à baldaquin sur la gauche, jamais je n’en vis un si grand. Des commodes,
une magnifique armoire, de grandes fenêtres. Malheureusement il faisait nuit,
je ne pouvais distinguer le parc. Je vis l’heure sur le réveil : une heure
trente. J’avais donc une demi-heure pour me préparer. Je cherchai ma valise, je
l’avais oubliée dans le hall. Malgré tous mes efforts, je ne pus ouvrir la
porte : on m’avait enfermée. Le désespoir me prit à ce moment-là, et je
réalisai pleinement que j’avais été enlevée et emportée dans un endroit tout à
fait inconnu. Personne ne s’inquiéterait de moi avant trois semaines, puisque
j’étais sensée être en vacances à l’autre bout du monde.
Je m’affalai
sur le lit et me mit à réfléchir. Mais comme je n’arrivai à aucune conclusion,
je songeai que si je devais être prisonnière, autant que ce soit dans un
endroit luxueux plutôt que dans une cave humide. Je me mis donc à explorer ma
chambre. L’armoire contenait des vêtements, tous à ma taille. Derrière une
tenture, je trouvai un passage donnant sur une salle de bain. Je pensai que
puisqu’on disait m’attendre pour dîner à deux heures du matin, et que de toute
façon je n’avais pas sommeil, autant jouer le jeu de s’y préparer. Je me
choisis une magnifique robe longue, pris une douche, me coiffai et maquillai.
Il était près de deux heures. Machinalement, je me dirigeai vers la porte et
l’ouvris, je me trouvai dans le long corridor.
Episode
6 :
Brusquement,
Manfred fut à mes côtés. Par où était-il venu, et comment se déplaçait-il ainsi
en silence, je ne le compris pas. Il me guida jusqu’à l’escalier, me précéda
dans le hall et m’ouvrit la porte. Sur la longue table une nappe avait été
déployée, des candélabres et un seul couvert, sur un des côtés. Il me fit
asseoir et quitta la pièce. Je devrai donc manger seule. Je détestais manger
seule. Si au moins j’avais été avertie, j’aurais emporté un livre.
Manfred revient
aussitôt avec un plateau qu’il posa sur une desserte. Il me servit et posa
l’assiette devant moi sans un mot. Je me tournai : il était immobile, tout
près de la porte. Je mangeai en silence. C’était un plat froid, délicieux. Je
refusai le dessert et fis mine de me lever. Il m’ouvrit la porte, et je sortis,
seule dans le hall. Seul l’escalier était éclairé, il était clair qu’il me
fallait monter et suivre les lampes qui devaient me guider vers ma chambre. Je
m’affalai sur le lit et m’endormis immédiatement.
Ce sont les
oiseaux qui me réveillèrent un peu après huit heures. Je choisis des vêtements
et des chaussures confortables, espérant pouvoir m’échapper de cette prison.
Cette fois pas de Manfred. Je descendis seule, pénétrai dans la salle à manger,
mais rien n’avait été prévu pour le petit déjeuner. Je passai dans le salon et
vis la porte-fenêtre grande ouverte sur une terrasse surplombant le parc. Il
faisait beau. J’avisai une petite table qui m’invitait à y déjeuner. Lorsque
j’eus terminé, l’homme aux cheveux gris grimpait les marches de la terrasse.
- Bonjour,
avez-vous bien dormi ?
- Assez ri. Où
suis-je ? Pourquoi m’avez-vous enlevée ? Je vous préviens, personne
ne payera jamais de caution pour moi, ma famille sera trop contente de me voir
disparaître.
- Vous êtes
drôle. Qui parle de kidnapping ? Vous êtes libre d’aller et venir comme
bon vous semble. Simplement, vous avez été amenée ici pour trouver un trésor.
Libre à vous de rester ou de vous en aller. Que décidez-vous ?
Bien entendu,
l’idée du trésor me semblait alléchante. Par ailleurs ma vie n’avait pas été
mise en danger, tout me semblait calme et agréable. J’acceptai donc. Lorsque je
levai la tête pour donner ma réponse, l’homme avait disparu. Je commençai à
m’habituer à ces apparitions, disparitions. Je me levai et décidai de faire le
tour du parc. Il était immense, fort bien entretenu, avec une partie de jardin
à la française, un verger, et même un étang comportant une île en son centre.
Je rebroussai
chemin vers le château. L’édifice était vraiment immense, la visite allait me
prendre deux jours pour le moins. C’était un défi, il serait intéressant
d’essayer de trouver le trésor dont j’avais été avertie. Jusqu’au soir, je
passai de chambre en chambre, ouvrai les armoires, fouillai les tables de nuit,
auscultai les murs… mais sans succès. Aux heures de repas, la table de la
terrasse était dressée pour moi, avec un délicieux repas. Parfois Manfred me
servait, souvent je ne le voyais même pas. En fait, je ne m’en souciai plus.
Le deuxième
jour, je me consacrai à la visite des étages supérieurs et des combles. Le
troisième jour fut réservé au sous-sol. Là régnait une magnifique cuisine.
Manifestement mes repas devaient y être préparés, parce que le réfrigérateur
regorgeait de victuailles, mais je ne m’y attardai pas. Le reste du sous-sol
consistait en des caves successives, la plupart du temps vides.
Le troisième
jour, je fouillai le rez-de-chaussée. Je terminai par la bibliothèque où je cherchai
en vain un livre sur le château qui m’aurait mise sur la voie du trésor.
N’ayant rien trouvé, je pris plusieurs livres tout à fait intéressants, et me
mis à lire.
A partir du
quatrième jour, on ne me vis plus sans un livre sous le bras. Je lisais du
matin au soir, y compris dans la barque sur l’étang, ou pendant les repas. Je
coulai des jours tranquilles, seule dans un silence royal que seuls les oiseaux
osaient briser par leurs chants.
Episode 7
:
Ce n’est que
vers le dixième jour que j’eus envie d’un peu d’action. J’avisai Manfred et lui
demandai quel genre d’activités il était possible d’envisager dans ce coin
perdu. Il me répondit laconiquement : « Ce soir il y a un grand
dîner, il vous est demandé de vous mettre en robe du soir. Vous serez attendue
dans le salon à 20 heures précises ».
Je me souvins
alors qu’il y avait un trésor à chercher dans la maison. J’abandonnai l’idée de
partir à sa recherche, je souhaitai encore profiter d’un tel cadre pour me
reposer et ne rien faire. Cette dernière journée fut aussi belle que les
précédentes. Vers 19 heures, je montai dans ma chambre pour me préparer
tranquillement. J’eus envie d’essayer tous les vêtements, toutes les robes, de
les assortir avec les chaussures, bref, de passer du temps que je n’employais
jamais pour cela, estimant que c’était une perte de temps lamentable.
Plus qu’une
minute pour me rendre le salon, je me précipitai dans le couloir, dégringolai
l’escalier, et ouvrit la porte au moment précis où la grosse horloge commençai
à égrener ses coups. Là, je les vis. Ils étaient tous là : Anita et
Géraldine, Sosthène, Jean-Philippe, Bernard, Viviane et Sophiane, Armand,
Estelle, Michel, Ivan, Cyrano, Charles, Thierry et André, de même que l’homme
aux cheveux gris que j’avais vu au début de mon séjour. Tout le monde riait de
ma stupeur.
- Alors, Bernadette, comment vas-tu ?
- As-tu bien profité de ces dix jours ?
- Qu’as-tu pensé lorsque nous sommes partis à l’aéroport ?
- Et quelle a été ta tête lorsque tu es arrivée
ici ?
- Et…
- Stop, cria Henry (l’homme aux cheveux gris),
nous allons procéder dans l’ordre. Que désirez-vous comme apéritif ?
Nous nous
installâmes dans les fauteuils, puis, comme tout le monde voulait raconter ses
exploits, Henry décida de donner la parole à chacun son tour pour raconter le
canular qu’ils avaient concocté.
Depuis
plusieurs années déjà, j’organisai les vacances de notre groupe d’amis. Tout
était prévu, les visites, les nuitées, les restaurants les plus typiques, les
paysages à contempler, tout. La tribu partait avec plaisir avec moi, mais
parfois, certains avaient émis l’idée que la pause pouvait être aussi
salutaire. La mort dans l’âme, j’avais donc inséré dans mes programmes des
moments de repos. L’idée avait donc germé dans la bande qu’il devait être
possible de me démontrer que la détente pouvait passer par la quiétude, le
silence, la tranquillité et le repos. Ils avaient monté toute la mascarade avec
l’aide d’Henry qui avait prêté son château, son avion personnel, sa voiture, et
un domestique qui jouait le rôle du chauffeur. Les jeunes filles étaient ses
nièces, heureuses de jouer un tour sans gravité. Le plus difficile avait été de
convaincre le personnel de l’aéroport de se prêter à la blague. Une fois que j’avais
été emportée dans l’avion, mes amis avaient rejoint le château en voiture, et
avaient logé dans la maison du jardinier au fond au parc. Ils riaient parce que
je n’avais même jamais marché jusque-là !
Bonne joueuse,
j’admis facilement que ces vacances avaient été très surprenantes pour moi, et
que je découvrais un nouveau bonheur grâce à eux tous. Je les remerciai donc
pour ce trésor que j’avais fini par trouver !
Belle histoire dépaysante,ça fait rêver et donne envie de voyages.......
RépondreSupprimerBelle histoire dépaysante,ça fait rêver et donne envie de voyages.......
RépondreSupprimer