mardi 23 décembre 2014

Le train et moi

J'aime le train, et je déteste le train.
 
Ce n'est pas contradictoire. Une contradiction, c'est être et ne pas être en même temps et sous le même rapport. Je précise donc : j'aime les trains suisses, et je déteste les trains français.
 
En Suisse, on achète un billet, et on prend le train comme on prend le bus : sans réservation. Le train arrive, on monte dedans, et on arrive à destination à l'heure prévue. Le numéro de quai est prévu un an à l'avance, c'est toujours le même pour un horaire déterminé. Les trains sont à l'heure. C'est parfait. Il suffit d'ouvrir son livre et de profiter du voyage.
 
Arrivée à Bâle, je me suis dirigée vers les voies réservées au trains en partance pour la France. Avant la lourde porte qui permet d'accéder aux quais, il me fallait prendre un billet au seul distributeur installé par la SNCF. J'avise la longueur de la queue, je regarde l'horaire, et je me dis que si telles personnes forment un groupe et prennent un billet commun, je pourrai avoir des chances pour prendre mon ticket avant de monter dans le train. Dix minutes pour huit billets. Je m'installe dans la foule et j'observe le distributeur tout en gardant un œil sur la montre.
 
Une dame est à l'œuvre. Mais pourquoi paye-t-elle avec de la monnaie ? Elle introduit une à une les pièces dans l'interstice, récupère son billet et s'en va. Une autre dame s'approche. Elle s'y prend à deux fois pour entrer toutes les données dans l'automate. Elle paye par carte. Il reste six minutes et six clients.
 
Le groupe de trois jeunes s'approche. Au bout de deux minutes, il est temps de payer. Eux aussi ont cassé leur tirelire et enfilent les pièces une à une. Enfin, ils introduisent le dernier sou, c'est alors que je me suis crue à Las Vegas : une pluie de pièces s'est écroulée dans le réceptacle à billets. Tout était à recommencer. La deuxième tentative pour donner les informations à la machine a été plus rapide. Les pièces aussi ont été remises dans la machine. Et une fois encore, les jeunes ont touché le Jackpot. Ils ont pris leur bien et se sont éloignés.
 
Le couple suivant a eu du mal à donner toutes les indications voulues. Il est vrai que lorsqu'on ne connaît pas le fonctionnement de ces machines, c'est un peu le casse-tête.
 
En masse, toutes les personnes qui attendaient leur tour ont préféré se rendre sur le quai pour prendre le train. Tout le monde a remonté le train pour trouver Madame la contrôleuse à hauteur de la première voiture. Tout le monde a expliqué que le distributeur avait été pris d'assaut, et à tout le monde Madame SNCF a assuré qu'elle viendrait encaisser les billets dans le train.
 
Elle a été assez rapide pour s'exécuter. Lorsqu'elle est arrivée chez moi, nous avions déjà passé une gare. Elle a bien voulu prendre ma réduction en compte. Elle a ensuite bien voulu prendre ma carte de payement. Mais sa machine récalcitrante n'a jamais voulu se mettre en marche. N'ayant pas d'Euros ni de chéquier, je n'ai pu payer.  Madame SCNF s'est alors chargée de me dresser un procès-verbal en précisant qu'il fallait appliquer ma réduction et qu'il n'y avait pas faute de ma part à voyager sans billet, puisque j'avais tout fait pour le prendre. Lorsque j'ai eu reçu mon ticket avec les explications "vous recevrez un courrier de la SNCF avec le montant de la somme à payer, suite à quoi vous enverrez votre payement, ce qui vous amènera à recevoir un reçu", nous avions parcouru quarante kilomètres et nous étions arrivés à une autre gare.
 
Compte tenu de la longueur du train, je doute que tout le monde a eu l'occasion de payer son billet ! La prochaine fois, je m'installerai tout au bout et j'attendrai le passage improbable du contrôleur.
 
 

9 commentaires:

  1. La Suisse est réellement merveilleuse ! Ici, en Belgique, les trains ne sont jamais à l'heure. Jamais. Et il est totalement impossible d'avoir le n° de quai un an en avance étant donné qu'ils ne savent même pas s'ils feront grève dans les 48h ou pas ! Surtout en ce moment.
    Par contre, pour l'organisation devant le distributeur ou dans le train, ça doit être pareil ! :)

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  2. J'ai vécu un peu la même mésaventure lors de l'achat d'un ticket de métro à Londres puis à Paris...
    Devine qui a gagné ?

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  3. J'aime ta façon de raconter les choses Alphonsine, mais c'est tellement vrai en même temps !
    Je prends le TGV tous les jours en France, il y a plus de jours où je ne suis pas contrôlée que de jours où je le suis, mais les contrôles peuvent avoir lieu plusieurs jours de suite : ça dépend s'ils contrôlent entre telle et telle gare ou pas et par quelle voiture ils commencent.. Je n'ai pas encore trouvé de martingale !
    Toutefois, je constate aussi que parfois même sur un trajet long, il n'y a pas de contrôle du tout.. .ou comme hier, je peux aussi devenir transparente : le contrôleur a vérifié les billets de tous les occupants du wagon, sauf moi alors que j'étais pourtant au milieu ! (les enfants pensent déjà que j'ai un pouvoir jedi, s'ils avaient vu cela, ils en seraient convaincus)

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  4. C'est à te dégoûter d'être honnête ! Bon séjour en France et joyeux Noël Alphonsine...

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  5. As-tu pensé à vérifier qu'il n'y avait pas quelque part une caméra cachée, Alphonsine ?

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  6. pénible ce genre de contrariété , faudra venir 2 h avant comme pour l'avion , mais avec un bon bouquin , ça peut le faire ..

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  7. Il y a 20 ans, je prenais le train très souvent et très volontiers.
    Désormais, c'est une corvée. Entre les grèves et les retards, c'est même une source importante de stress.

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  8. Je ris toute seule...parfois c'est kafkaïen le train...

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  9. Cet article de Slate.fr a été écrit pour toi ;-)
    http://www.slate.fr/story/95735/cdg-aeroport

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