Dans la chaumière d’Alphonsine, il y a un sujet tabou :
l’état des vélos. Ils provoquent invariablement des discussions sans fin. Quelques exemples :
Exemple (c’est Alphonsine qui parle à ses enfants) « Au mois de
juillet, j’avais un vélo remis en état, et j’ai fait un beau tour avec Anselme
pendant que vous étiez en camps. Début septembre, je l’ai prêté deux jours à
Arthurine parce que le pneu de son vélo était à plat, et jeudi, lorsque j’ai fait une
promenade avec la voisine, j’ai eu du mal à avancer, la roue arrière fait un 8
du tonnerre. » Tous les regards se tournent vers Arthurine qui affirme
avec force, outragée de faire l’objet d’un tel jugement qu’elle n’a rien abîmé,
que le vélo fonctionnait normalement lorsqu'elle l'avait à se disposition.
Exemple : Augustin fait un tour à vélo avec son frère,
et rentre, le visage blême. « J’ai eu un problème avec mon vélo, et j’ai
déchiré mon short. (une déchirure de la ceinture à l’ourlet du bermuda).
Alphonsine s’est un peu affolée :
- Comment as-tu roulé pour en arriver
là ?
- Rien, je n’ai rien fait de spécial.
Seulement, il s’est fait très peur,
il a déchiré un short, cassé une selle, déformé la roue arrière du vélo… tout ça en roulant normalement ! Le plus dur a été de rentrer à la maison en rasant les murs pour cacher aux passants (heureusement peu nombreux) la déchirure ou plutôt ce qu'il y avait sous la déchirure !
Exemple : Aelred se dispute avec son frère qui ne veut pas lui prêter son vélo. Alphonsine intervient, demande à Aelred pourquoi il ne prend pas son propre vélo qui vient d'être réparé par Monsieur Alphonse. Réponse vague, explicitée par Aloïse : "parce qu'il a cassé sa pédale".
Alphonsine pense qu’une malédiction s’est abattue sur la
famille. Monsieur Alphonse assure qu'il ne réparera plus aucun vélo, que les enfants lui coûtent une fortune en matériel et qu'il a autre chose à faire que de s'arrêter chez Décathlon pour acheter des câbles de frein, des pneus, des rustines, des pédales, des câbles de vitesse, des lumières, des roues...
Et puis un jour, les enfants ont cessé l'école à la maison et ont repris le chemin du Lycée et du collège. « Vous irez à l’école à vélo, je vous les
répare pour la dernière fois, et celui qui casse son vélo se débrouille pour le
réparer, ou prend le bus matin et soir, et mange à la cantine" a tonné Monsieur Alphonse. Et Alphonsine, toujours économe a ajouté "Vous ne mangerez pas à la cantine, je vous donnerai une boîte à Bento, et vous mangerez dans la cour de récréation".
Miracle, les
vélos sont enfin respectés !
Superbe cette histoire de vélos qui se cassent pour ne pas travailler... Et puis un jour ils comprennent enfin que pour faire travailler ceux qui les font travailler, il suffit de les emmener à l'école... AAAaah ah ah ah ah ah !
RépondreSupprimerJ'ai les mêmes à la maison......et les vélos aussi.....
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