samedi 16 novembre 2013

Le voyage au pays du chocolat

A ce jour vous devez tous être au courant : Je ne raffole pas de chocolat. Un tout petit carreau de temps en temps, et plus rien des semaines entières. S'il y a du gâteau au chocolat, je prends une toute petite part, je suis très vite saturée.

Rassurez-vous, je n'ai pas fait passer ce gêne détestable à mes enfants, ils sont tout le contraire de moi : le chocolat ne les laisse pas indifférents, et ils sont capables de vider les tablettes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

C'est ainsi que lorsqu'on leur a proposé de déménager en Suisse, ils ont immédiatement vu l'intérêt d'un tel changement de pays, même Albert qui vit en Belgique et qui n'hésite pas à comparer "Cailler" avec "Côte d'Or". Il n'a d'ailleurs pas fini de comparer...

Je n'aime pas le chocolat, mais je raffole de musées intelligents, je veux dire par là ceux qui donnent des explications claires et intéressantes sans tomber dans le travers du virtuel. Par-dessus tout, j'aime les visites d'usine. Je peux rester des heures à regarder une chaîne de montage, une chaîne de nettoyage de bouteilles, une chaîne de confection de "branches". C'est pourquoi samedi matin, j'ai emmené tout mon monde visiter la maison "Cailler" à Broc (élider le "c" pour prononcer le nom du bourg).

A l'ouverture, à 10 heures, il y avait déjà une centaine de personnes devant la porte : un bus d’alémaniques (ainsi dénommés parce qu'ils habitent dans la partie alémanique de la Suisse), des français (insupportables, ils se croyaient chez eux en parlant fort et en faisant des réflexions aussi stupides que déplacées) et un détachement de l'armée américaine. On a eu du mal à se situer !

J'avais des bons de réduction, mais je n'ai pu me servir que d'un seul ticket, et j'ai donc distribué les autres sans vergogne aux gens qui attendaient leur tour de passer à la caisse. Les visites se font par petits groupes d'une vingtaine de personnes, dans une langue au choix. Nous étions précédés par les alémaniques, et suivis par les américains, et nous avions une attente de 15 minutes que nous avons passée dans le magasin qui est bien entendu situé à l'endroit le plus alléchant du musée : à l'entrée qui fait également la sortie.


Une petite idée des quantités de chocolat proposées

Après avoir étudié attentivement les montagnes de chocolats, ainsi que les montagnes de sortes de chocolat, notre groupe a été appelé à prendre place dans les starting-blocs du départ.

Notre hôtesse nous a expliqué le déroulement de la visite que nous devions faire seuls. Nous passerions dans des salles où toutes les explications nous seraient données à la suite de quoi une porte s'ouvrirait et nous étions priés de nous dépêcher de passer dans la salle suivante pour permettre aux groupes de se succéder sans ralentissement (je vous rappelle que nous sommes dans un pays où les horloges sont les maîtres, ce sera l'occasion d'un autre billet). A la suite de cette première visite, il y en aurait une autre, libre, où nous pourrions avancer à notre rythme.

Après avoir obtenu notre promesse d'avancer à la vitesse réglementaire, elle nous a ouvert la première porte. Nous sommes entrés dans un espèce de grand ascenseur aux murs tapissés de reliefs incas. Les français ont cru que c'était égyptien. N'importe quoi. Je vous épargne leurs autres réflexions encore plus stupides pour que vous ne souffriez pas de honte pour eux.

L'ascenseur, parce qu'ils s'agissait bien d'un ascenseur, est descendu à vitesse vertigineuse pour s'arrêter vingt centimètres plus bas, et en l'an 1000 avant JC. Une porte s'est ouverte dans un temple maya décoré de cacaoyers.


Le cacaoyer est une plante tropicale qui pousse en Amérique du sud et en Amérique Centrale. Les mayas (et les autres peuplades comme les aztèques) produisaient un breuvage à partir des fèves de cacao, ajoutaient des piments et des épices et réservaient cette boisson à certains rituels.

Le chocolat est un produit de luxe et sert comme monnaie d'échange.

(Nous changeons de salle et pénétrons dans les cales d'un navire).
Cortès est le premier à ramener des fèves de cacao en Europe en 1519.

Cette boisson amère, écumeuse et poivrée est fort appréciée après ajout de vanille et de miel. Plus tard, on y mettra du lait et du sucre.

(Nous accostons en Espagne, et arrivons à la cour du roi)

Il y a un réel engouement pour cette boisson, mais, très chère, elle est réservée à la cour d'Espagne et aux plus riches. Le chocolat est consommé chaud sous forme de boisson.

(Nous entrons dans la chambre à coucher d'une courtisane)

L'Eglise va devoir prendre position sur ces boissons exotiques que sont le café, le thé ou le chocolat. S'agit-il d'un aliment ? La sentence tombe : La boisson (y compris le chocolat) ne rompt pas le jeûne. Le chocolat est déclaré maigre, pouvant même être consomme pendant le Carême. (ça, ce sera une bonne nouvelle pour beaucoup d'entre vous. On dit merci qui ?)

Sur cette bonne nouvelle, nous avons changé de salle pour admirer un décor de carton représentant une région de la Gruyère. 


Nous étions alors à la fin du XIXème siècle. Un épicier nommé Peter, et installé au bord du lac Léman a fait faillite. Mais au cours de son activité, il a eu des contacts avec l'Italie où le chocolat était mangé dans des buts thérapeutiques. 

Les choses n'étaient pas si simples : le chocolat dégage une amertume très forte. Lorsqu'il est chauffé, il se dissout dans le lait et peut-être dégusté avec délectation. Lorsqu'il est présenté sous forme de pâte dure, il reste amer puisque le mélange chocolat-lait ne résiste pas au refroidissement (il suffit de laisser reposer votre chocolat chaud pour comprendre le dilemme).

Peter, très amoureux d'une certaine demoiselle Cailler dont le père avait une entreprise de chocolat, eu une idée géniale en employant la première invention d'un dénommé Nestlé le lait concentré.

Voyez-vous apparaître ici les trois noms qui ont fait le chocolat suisse ? Les trois hommes se sont associés : Peter a amené son invention du chocolat au lait, Nestlé son invention du lait concentré, et Cailler son savoir-faire. Le lieu pour installer leur entreprise était tout trouvé, ce serait dans la Gruyère, à proximité des vaches laitières, près des infrastructures routières pour les transports.


Premier atelier de Cailler-Nestlé-Peter

La visite "guidée" par haut-parleur a pris fin sur la reconstitution du premier atelier de l'entreprise Cailler-Nestlé-Peter.

Nous avons beaucoup apprécié cette promenade à travers l'histoire et le monde. Nous sommes retombés dans le temps présent, et commençait alors la visite libre...

Mais ceci fera l'objet d'un autre article (Voir ICI) !

(Je vous présente mes excuses pour les photos : l'éclairage n'était pas bon et j'étais trop captivée par les explications pour essayer de faire mieux)





10 commentaires:

  1. Je ne digère pas le chocolat au lait (dans un bol, j'entends, parce qu'en plaque, c'est une autre affaire), cela m'ennuie beaucoup pour mon prochain Carême !
    Merci en tous cas pour ce très beau et intéressant reportage !

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  2. Wahou ! Cela devait être très intéressant... et les montagnes de chocolat donnent envie ;-)

    J'aime aussi les visites d'usine... D'ailleurs, j'avais visité une usine de montres en Suisse. Et comme c'était dans le cadre du travail (je venais par rapport à leurs logiciels de gestion), j'avais eu une visite individuelle guidée par le directeur de la production. Trop classe :-)

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  3. Je me réjouis pour la suite... Lorsque j'étais écolière, nous avions visité Cailler lors d'un voyage en Gruyère. A une autre reprise, nous avions visité la chocolaterie Camille Bloch, à Courtelary. Une troisième fois, nous en avions vu une autre au Tessin... Notre gourmandise nous conduit par le bout du nez... Il sera bientôt temps de faire de tels pèlerinages dans les sanctuaires du chocolat avec mes enfants...
    J'aime beaucoup ta phrase ou tu nous informe que le chocolat a été considéré comme "maigre" par l'Eglise ! Ouf!!!!

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  4. J'espère qu'on vous a fait goûter quand même du chocolat ?
    Et les odeurs ?

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  5. Je suis comme toi, le tourisme industriel me fait vibrer ... si en plus c'est du chocolat que moi, j'ADORE !!! J'ai Cailler, j'ai un petit faible pour le chocolat soufflé, mais bon, je dis ça je dis rien :-)

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  6. Ah cette chance.... moi qui ne peut me passer de mon carré quotidien!

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  7. Je note avec consternation la triste habitude des français de se faire remarquer partout où ils passent (merci en tout cas de nous épargner cette honte... quoique... ^^).
    Merci pour la bonne nouvelle pour Carême, et surtout,merci pour cette visite passionnante. J'avais toujours entendu dire qu'il ne fallait surtout pas voir comment était fabriqué le chocolat pour ne pas en être dégoûtée, mais je n'avais jamais eu l'occasion de vérifier par moi-même.

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