dimanche 31 juillet 2011

La promenade en famille (2)

J’ai fait une belle promenade en famille il y a 4 ans, alors que j’habitais en appartement. Une amie m’avait même, comble de l’inconscience, confié un de ses enfants. C’est donc avec sept enfants que je suis sortie de mon appartement. Au moment de fermer la porte, je me rends compte qu’une clef est restée à l’intérieur, de sorte que je ne pouvais verrouiller ma porte. J’ai ressenti un moment de flottement, et de solitude renforcée par l’absence de mon mari.

Nous sommes partis, j’ai gardé le secret pour moi. Quelle promenade, les enfants étaient dans la joie. Pour me mettre au diapason, j’ai essayé d’oublier le retour. Mais il a bien fallu rentrer  un jour… En me garant, j’annonce que je ne peux plus rentrer dans l’appartement. J’ai dû répéter ma phrase plusieurs fois, mais il n’y a eu aucune réaction… trop contents de pouvoir jouer encore dans la cour de l’immeuble, les enfants sont restés insensibles à mon annonce.

J’ai poussé une vieille table en plastique près d’une de mes terrasses. Par-dessus, j’ai positionné, dans un équilibre précaire, une chaise qui traînait par là. M’agrippant à la rambarde, je me suis hissée jusqu’au balcon. J’ai attrapé le banc, replié les pieds, et à l’aide de ce bélier improvisé, j’ai voulu casser une vitre. Aucun effet… J’ai découvert que c’était du verre anti-infraction.

Une des voisines est venue à point pour déposer ses poubelles dans le conteneur. Je lui ai exposé mon soucis. « Il paraît qu’il est possible d’ouvrir une porte non verrouillée à l’aide d’une radio ». Elle file chez elle, et revient avec une radio. Je ne sais pas si c’est une rumeur, toujours est-il que nous n’y sommes pas arrivées. Je lui demande alors un marteau dans le but de grimper sur mon autre terrasse, celle qui donne sur la cuisine. « Mais maman, pourquoi veux-tu casser un carreau ? Nous, quand on est enfermé dehors, on donne des coups de pied dans la porte, et elle s’ouvre toute seule ». Je le regarde, la bouche ouverte, l’air niais. « Pardon ? » « Quand on joue, et que machin m’enferme dehors, il suffit que je donne des coups de pied dans la porte pour qu’elle s’ouvre ».

CQFD… J’ai ramené mon installation instable sous l’autre balcon. J’ai grimpé sous l’œil attendri de mes enfants, j’ai escaladé la rambarde, et j’ai mitraillé la porte avec mon pied, en suivant point par point les conseils de mes enfants ravis. C’était un réel « Sésame ouvre-toi ». La porte s’est ouverte… Le soir ils ont eu des gaufres, ils les méritaient !

Morale : On a toujours besoin d’un plus petit que soi.
Leçon : Il faut laisser les enfants faire des bêtises, ça peut être instructif.



samedi 30 juillet 2011

Vingt-quatre heures exactement

Le concours proposé sur le site au-feminin m'a vraiment inspirée, et j'ai écrit trois nouvelles, une sur chaque thème. Voici la deuxième nouvelle intitulée "vingt-quatre heures exactement". Elle vient de paraître sur le site.
Je vous redonne les références de la première "Elle"




Vingt-quatre heures exactement


Ce matin, j’ai trouvé un Smartphone dans le bus. Etrangement, le véhicule était désert lorsque je suis montée, c’était pour le moins inhabituel. Je me suis assise immédiatement derrière le conducteur, et… j’ai vu un Smartphone sur le siège devant moi. Je l’ai pris délicatement, un sourire a éclairé mon visage : je n’avais jamais encore tenu de Smartphone. Certes, j’en avais entendu parler, j’avais même manipulé celui d’une amie. Mais je n’en possédais pas. Et voilà que j’en avais un. Je chassais immédiatement cette pensée : bien entendu, il n’était pas à moi, il me fallait chercher son propriétaire. Je voulus consulter le carnet d’adresse. Il n’y avait qu’un seul numéro. Un seul numéro, certainement celui d’un très proche. Je ne perdais rien à appeler. Je tombai sur un répondeur : « Bonjour, j’étais le propriétaire de ce Smartphone, je n’en veux plus, je vous l’offre bien volontiers. Ne vous faites pas de soucis pour l’abonnement, et n’oubliez pas le câble pour le recharger, il se trouve sous le fauteuil… Bon courage ! »
 
Curieux… je cherchai sous le fauteuil, et je trouvai le câble comme indiqué. Mais pourquoi donc ce ton ironique dans les deux derniers mots ? Je me levai en sursaut : j’allais laisser passer l’arrêt. Je sortis. Je me rendis à mon travail, et, chose étonnante, je fus tellement prise par mon travail que j’en étais arrivée à oublier l’existence de mon nouveau téléphone. C’est en montant dans le bus le soir que je le sortis à nouveau de ma poche. Je passerai la soirée à l’adopter, à le comprendre, à télécharger des sites incroyables.
 
En descendant du bus, il se mit à sonner. Sans même réfléchir, je décrochai :
- Allo ?
- Bonsoir. Appuyez sur la touche 1 de votre téléphone.
- tut, tut, tut
On avait raccroché. J’appuyai sur la touche 1, et il ne se passa rien. J’étais arrivée. J’introduisis la clef dans la serrure, j’entrai dans l’immeuble, pris mon courrier, et grimpai les étages. Arrivée devant ma porte, je la déverrouillai, et comme à mon habitude, je donnai un grand coup d’épaule dans la porte pour qu’elle s’ouvre. Je passai au travers, et me retrouvai dans mon appartement, la porte fermée et la clef toujours sur la porte ! J’eus l’idée de repasser mon bras à travers la porte, je récupérai la clef, et ramenai le tout à l’intérieur. C’est alors que je réalisai ce qui venait de se passer. Incroyable. J’en restai immobile de stupeur. Je tendis lentement la main vers le placard qui me tenait lieu de penderie, et je traversai la porte pour attraper un cintre. J’y suspendis mon manteau, et tentai de le raccrocher à travers la porte fermée. Ce n’était pas facile, parce que je ne voyais rien. Et c’était amusant…
 
J’entrai dans la cuisine, et décidai de préparer mon repas sans ouvrir les portes des placards. C’était assez drôle ! Je pris mon dîner en consultant mon tout nouvel Smartphone que j’avais pris la précaution de brancher pour le recharger. J’en restai émerveillée. Le dîner terminé, il se mit à sonner :
- Allo, vous serait-il possible de vous rendre au château du Fellibourg à l’instant ?
- Oui, mais…
Il avait déjà raccroché.
 
Je repris mon manteau, mon Smartphone, et cherchai mon vélo pour pédaler allègrement vers la sortie de la petite ville. Arrivée devant le château, nouvel appel téléphonique, cette fois pour me demander de pénétrer dans le château. Sans plus réfléchir, je trouvai beaucoup de charme à cette situation (et je me suis mainte fois reproché ensuite de n’avoir pas plus réfléchi), je traversai la muraille. J’arrivai dans la cour. Le « téléphone » me demanda de me diriger vers le donjon, puis d’y entrer. Ensuite, je reçu un ordre curieux : il me fallait compter les dalles à partir de la fenêtre, puis pénétrer à cet endroit, il y aurait un escalier sous mes pieds, je pouvais être rassurée. Surprise, j’hésitai un instant à obéir, mais je tentai malgré tout la chose : si je pouvais traverser latéralement les murs, il n’y avait aucune raison de ne pouvoir les traverser vers le sol. Je comptais les dalles, et, arrivée au centre de la pièce, je posai le pied sur la dalle indiquée. Incroyable, mon pied passa à travers et prit appui sur une marche. Je commençai à descendre lentement, mon corps traversant la pierre. Autant le passage des murailles m’amusait, autant je fus prise d’un frisson d’angoisse à traverser le sol.  Je repris mon Smartphone pour utiliser la fonction lampe de poche, parce que la lumière de la lune ne pouvait traverser les sols et que je me trouvai dans un endroit sombre ! Je regardai autour de moi : le caveau contenait des merveilles. Mais je n’eus pas le temps de me pencher sur les coffres, mon téléphone se mit à émettre des sons curieux. Je le regardai et fut prise d’une peur panique : la réserve de batterie était à son minimum, et si je ne pouvais plus sortir ?
 
Je poussai un cri effroyable, et gravis les marches de l’escalier de toute la vitesse dont j’étais capable. Je sentis comme un drap sur ma tête, mais je pus le traverser sans effort particulier. Mes épaules heurtèrent quelque chose de mou. Je poussai de toutes mes forces, et je pus traverser cette masse épaisse : un bras, un autre, je peinai à extirper mon corps, mes jambes montaient les dernières marches avec un effort épouvantable. Je criais de terreur, à l’aide de mes bras, je repoussais la masse de la dalle qui devenait de plus en plus solide. Ma taille était sortie, puis mes fesses. J’étais hors d’haleine, je puisai dans mes dernières forces pour m’extirper de là. D’un côté, mes jambes prenaient appui sur la marche, de l’autre mes bras poussaient vers le haut un corps que je sentais s’emprisonner. Dans un ultime effort, je pus sortir mes jambes jusqu’aux genoux, cette fois il me semblait impossible de progresser plus loin. Je ne sais comment l’être humain est capable de l’impossible, mais je le constatai ce soir-là, dans ces minutes qui ont été les plus longues de ma vie. J’arrachai littéralement de la pierre une de mes jambes, je pris appui sur le sol ferme, et tirai dans un hurlement de douleur ma deuxième jambe. Je ne pus jamais récupérer ma chaussure : elle était comiquement coincée dans la pierre, au milieu de la dalle.

Je m’écroulai évanouie. Lorsque je revins à moi, tout mon corps me faisait souffrir, et ma jambe gauche plus encore que tout le reste. Mon cerveau se mit lentement en marche, et je finis par comprendre que j’avais été manipulée pour agir au nom d’inconnus qui avaient des activités louches. Dire que j’aurais pu rester à tout jamais prisonnière de la pierre, la dalle aurait traversé mon corps de part en part, et je me serais sentie mourir lentement, écrasée par la matière. A quoi avais-je échappé !
Au petit matin, je me réveillai par un son de cloche. Comment avais-je pu m’endormir, je ne le compris jamais. J’entendis des bruits de pas, je me cachai dans le manteau de la cheminée, et je croisai les doigts pour que la personne n’entre pas. J’entendis une clef tourner dans la serrure, la porte s’ouvrit avec un grincement strident. Je retins ma respiration lorsque je vis ma chaussure coincée au milieu de la dalle. Qu’allait-il se passer ?
 
La porte s’ouvrit alors totalement, et un homme plutôt âgé pour ce que je pouvais en juger, entra en claudiquant. Il s’avança jusqu’au milieu de la pièce, se pencha en gémissant, puis poussa un hurlement qui me fit froid dans le dos, et s’enfuit en courant. C’était ma seule chance, je me précipitai vers la porte, tirant ma jambe gauche derrière moi. Arrivée à la porte, je jetai un coup d’œil rapide aux alentours, j’avisai un buisson, et pris le parti de m’y cacher, ne sachant trop où le vieil homme avait fui. Bien m’en pris, il revint immédiatement, portant un énorme fusil et accompagné d’une femme. Ils entrèrent tous les deux, et j’en profitai pour fuir vers l’entrée principale. Heureusement, la grosse grille était ouverte, et je plongeai dans le bois entourant le château. Je choisis de marcher plus lentement, sachant qu’avec mes blessures, je ne pourrai tenir un rythme soutenu.

Je récupérai mon vélo, grimpai tant bien que mal, ne pus pédaler, et continuai à pied en prenant appui sur ma bicyclette. Je parvins, je ne sais comment chez moi, branchai mon Smartphone pour le recharger, avalai des antalgiques et m’écroulai sur mon lit. Le téléphone sonna :

- Avez-vous trouvé ce que nous voulions ?
- Non.
- Alors retournez-y ce soir.
- Non, j’ai eu un problème et…
- Tut, tut, tut…

Mon cerveau était comme ankylosé. Dans un brouillard terrible, je me pris  à réfléchir, et je me rendis compte que j’avais été manipulée, et que je n’étais pas forcée de suivre les indications dictées par un inconnu, que de plus les demandes étaient plus que louches, et que si ce Smartphone me rendait esclave d’un phénomène que je ne maîtrisais pas, il me suffisait de me débarrasser de cet objet encombrant. Je le saisis, et le lançai dans la poubelle. Il se mit à sonner telle une sirène. Les voisins allaient accourir. Je le repêchai, il se tut. Je voulus alors ouvrir ses entrailles pour sortir la carte SIM, mais pas moyen, tout était scellé. Je le plongeai dans le lavabo rempli d’eau chaude (pourquoi chaude ? Je n’aurais su le dire !). Il flotta. Il se remit à sonner.

- Je vous conseille de respecter ce téléphone, sinon il pourrait bien vous arriver des malheurs.
 
Quelle ironie ! Le garder m’avait occasionné des aventures cuisantes dont je me serais bien passée, le détruire me nuirait également. Il fallait que je m’en débarrasse, mais comment ? Le détruire semblait impossible, quel que soit le moyen imaginé. A ce moment-là, le réveil se mit à sonner. Je réalisai alors qu’il était l’heure habituelle de mon lever. Je fis donc comme chaque matin, pris une douche, m’habillai de neuf, pris mon petit-déjeuner (entre temps, j’avais rebranché mon portable) et sortis… sans mon portable.
 
Au moment où je fermai la porte, il se mit à brailler. J’aurais dû m’en douter, ce cher petit ne voulait pas rester seul. Je retournai dans l’appartement, pris le Smartphone et le glissai donc dans ma poche et me rendis à l’arrêt de bus.
 
J’attendis mon bus avec impatience. Je montai, me penchai sur le premier siège, mais finalement décidai de m’installer au fond. A l’arrêt suivant, un jeune homme monta, s’assis au premier rang en tournant le dos au chauffeur. Je voyais son visage. Tout à coup, il eut un sourire extasié : il tenait un Smartphone entre ses mains…


vendredi 29 juillet 2011

La promenade en famille (1)

Hier, nous partons en balade en famille. Le dernier des enfants ferme le portail à clef, me donne le trousseau (une grosse clef, une plus petite, et une clef de boîte aux lettres, le tout sur un anneau), et comme d'habitude, je le range dans le cendrier de la voiture. Sauf que... mon mari ayant graissé le tiroir qui coinçait habituellement, je le ferme un peu (en fait très) brutalement (les ados récalcitrants y sont un peu pour quelque chose), et j'entends un soubresaut puis plus rien. Je ne dis mot, pour que nous puissions profiter de la promenade. Nous roulons 5 minutes, juste pour nous éloigner un peu de notre promenade habituelle.

Au retour de promenade, en arrivant à la voiture, mon mari me dit qu'il aimerait rentrer à pied. Soit... "mais il faudrait vérifier que la clef soit accessible". Je lui raconte alors que j’ai entendu un bruit curieux lorsque j’avais fermé le cendrier.
J'ouvre le cendrier, et, PLUS DE CLEF. Incroyable, non ? J'enlève le tiroir, je plonge ma main dans l'orifice : pas d'ouverture. C’est de la magie ! Enfin, je découvre une petite ouverture dans le haut, et je m'étonne que le trousseau, si grand, ait pu passer par là.
Mon mari se décompose, je ris, parce que je trouvais la situation cocasse (Il y a des jours où j’admire mon sens de l’humour). Je lui propose de terminer le programme comme convenu (il rentre à pied et moi en  voiture avec la troupe), et il me demande comment nous ferons pour rentrer DANS la maison.

Là, j'ai une idée de génie : "quelqu'un a-t-il verrouillé la porte de derrière ?" Evidemment non... il suffit donc de savoir escalader le mur, et chacun des garçons me prouve avec force détails et arguments qu'il est le meilleur en la matière.

Mon choix se porte sur l'aîné qui est un petit peu plus raisonnable que les autres. De fait, nous rentrons, il escalade, et vient nous ouvrir.

A son retour, mon mari a ouvert les entrailles du tableau de bord, pour récupérer les clefs qui le narguaient tout au fond !
Que de bons souvenirs !

mercredi 27 juillet 2011

Les cannelés

Les vacances ont ceci de bon qu'elles permettent de faire tout ce qu'on n'a pas le temps de faire durant l'année scolaire. Les cannelés en font partie. C'est si facile, si bon, mais il faut penser à préparer la pâte la veille de la cuisson.



Recette des cannelés trouvée sur mon site fétiche marmiton.org



Ingrédients (pour 20 cannelés) :
1/2 litre de lait
2 œufs
2 jaunes
vanille (extrait ou gousse)
1 c.s de rhum
100 g de farine
250 g de sucre
50 g de beurre et 50 g pour le moule

Faire chauffer le lait, la vanille et le beurre.
Mélanger dans une jatte la farine et le sucre. Ajouter les œufs en une fois, puis le lait bouillant.
Laisser refroidir, ajouter le rhum, puis entreposer une nuit au frigo.
Verser dans les moules à moitié de hauteur.
Enfourner à 270°C, et au bout de 5 minutes de cuisson, baisser le thermostat à 180°C.
Sortir au bout d'une heure de cuisson, démouler sur une grille.


Remarques :
- Je prends 3 œufs entiers, et je ne mets pas de rhum.
- Je fais mon mélange directement dans une cruche que je place ensuite au frigo. Ainsi, lorsque je verse la pâte dans les alvéoles, je limite les débordements. 
- Comme je me sers de moules en silicone, je n'ai pas besoin de les beurrer.

mardi 26 juillet 2011

La galette du Petit Chaperon Rouge

Pour poursuivre dans la série des goûters-contes de fées, nous avons réalisé la galette du Petit Chaperon Rouge. Celui qui verra une analogie avec la galette bretonne aura raison. Le Petit Chaperon Rouge avait un père breton qui a ramené la recette de sa grand-mère maternelle. Vive la culture générale !

125 g de sucre
150 g de farine
150 g de beurre salé (ou 150 g de beurre doux et une pincée de sel)
4 jaunes d'œufs
1/2 paquet de levure chimique

Battre tous les ingrédients ensemble. Verser dans un moule beurré. Dorer à l'œuf, et faire des stries à l'aide d'une fourchette.

Faire cuire 20 à 30 minutes à 175°C.
La photo montre bien que le Petit Chaperon Rouge n'a pas été très soigneux,
la galette est arrivée cabossée chez sa Mère-Grand.

NB : On peut rajouter 1 poignée de raisins secs, ou de l'écorce d'orange hachée, ou 3-4 pommes émincées. Ca fait moins breton et plus germanique !

lundi 25 juillet 2011

Retour de camp

Trois de mes garçons sont revenus de camp dans la nuit.
Une maman n’a pas trop de la durée du camp de ses enfants pour se préparer psychologiquement au retour de ses chers petits. Après les premières embrassades, les reproches : « pourquoi as-tu tellement tardé pour commencer à m’écrire ? – Je n’avais pas assez de vêtements, il n’y avait pas moyen de laver… ». Enfin, tout le monde embarque dans la voiture, et déjà la pauvre maman se demande pourquoi elle s’est tant réjouie de leur retour se croit dans un magasin de télévisions, magasin dans lequel un vendeur aurait allumé tous les postes en même temps, mais sur des chaînes différentes et avec le son. Ca gesticule « regarde, c’était comme ça », ça parle « c’est mon tour, - mais je n’ai pas fini, - t’as qu’à accélérer, - mais je ne peux pas résumer, - bon c’est  mon tour. »
A une heure du matin, nous sommes à la maison, ils me préviennent : « Maman, il a plu les trois derniers jours, tout est mouillé, le sac de couchage n’a pas pu sécher, c’est sale ». Si les garçons sont aussi affirmatifs, il faut se méfier ! Mais mon odorat me disait qu’ils ne se trompaient pas beaucoup.

Nous avons laissé les sacs à l’extérieur pour le restant de la nuit, et ce matin, j’ai posé trois corbeilles à linge pour faire le tri. J’étais à deux doigts de chercher la pince à barbecue. Couleur, odeur, rien ne manquait.
Les premières lessives ont commencé : une par sac de couchage, plus cinq autres pour les vêtements, sacs, trousses de toilette, et encore une dernière pour les cirés, soit neuf machines. J’espère que le soleil sera au rendez-vous pour que le linge sèche vite.

Ce matin, c’était exceptionnel, ils ont eu le droit de faire la grasse-matinée, mais pour moi, c’était impossible, il me fallait récupérer mon aînée à la gare, son train arrivant à 8 heures. Avec une seule fille, un seul son, j’ai pu me brancher en mono, abandonner le stéréo trop pénible, et c’était compréhensible. Par contre, je l’ai dissuadée de mélanger son linge à celui de ses frères. Allez comprendre pourquoi…

Comment occuper un grand garçon de 15 ans

Florence, dans son commentaire, me disait avoir du mal à occuper son grand garçon. Habituellement je réponds individuellement aux commentatrices, mais cette fois j'en fais un billet, en espérant que les idées profiteront à d'autres. Voici une liste de suggestions :

- Piscine, balade à vélo avec le pique-nique. (oui, il faut participer, mais les enfants sont ravis de faire quelque chose avec leurs parents, surtout s’ils l’ont rien que pour eux). On emmène de bons livres que l’on lit ensemble, histoire d’attraper des fous-rire.


- S’il fait mauvais, et c’est vraiment d’actualité, il faut se replier vers l’intérieur.

En cuisine : à partir du livre « Si tu sèches la cantine, je te colle en cuisine », il choisit le menu, fait les courses (il y a peut-être une supérette accessible à vélo), et prépare le repas du jour. Ce sont des plats simples, bons, et équilibrés. Je l’ai offert à un de mes garçons, et il nous a déjà préparé d’excellentes choses. Le concept de base inclus le rangement et nettoyage de la cuisine.

Mes garçons bricolent à longueur de temps. Avec deux bouts de bois, ils fabriquent des bateaux qu’ils font naviguer sur la rivière devant la maison. Ils font des barrages, des moulins à eau, des radeaux (avec des poutres et une corde). Ils bricolent à l’intérieur, et sortent entre deux intempéries. Il vaut mieux investir dans des bottes en caoutchouc, mais actuellement on en fait de très belles qui méritent d’être exhibées !

Bricolage encore : il prépare les cadeaux de Noël pour les grands-parents, les oncles, tantes, cousins, parents, fratrie…

Tu lui fais faire des recherches sur Internet pour trouver des idées et des modèles. Il dresse la liste du matériel (bois, scie à main, colle…). Tu l’emmènes au rayon bricolage et vous choisissez ensemble. En rentrant, il est occupé pour plusieurs heures.

Idées : il découpe une forme sympa dans du bois, il la peint à l’aide d’une peinture spéciale tableau. Deux trous dans le haut pour passer une ficelle pour pouvoir accrocher le tableau, une autre ficelle avec une craie au bout.

Il existe également des peintures qui permettent d’aimanter. Elles sont de toutes les couleurs. On peut y écrire à l’aide de feutres effaçables. Tu fais une balade Ikéa (si ce n’est pas trop loin). Les feutres sont très jolis et pas chers du tout, si tu fouilles bien, tu trouveras une boîte d’aimants.

Toujours avec des aimants d’Ikéa : il enlève le plastique décoratif et il récupère l’aimant. A l’aide de pâte à sel ou de pâte fimo, il fait de jolies formes qui rappellent celles du tableau. S’il utilise la pâte à sel, il pourra la peindre ensuite, et la vernir.

Tu lui achètes du rotin, il s’installe près de la baignoire (il faut faire tremper les tiges), et il tresse des corbeilles à pain. Ensuite, tu lui apprends à se servir d’une machine à coudre et il fait des serviettes en tissus pour mettre au fond.


Tu lui proposes de faire du repassage. Mes enfants aiment bien, parce que c'est à petite dose. Je leur réserve "le plat", c'est-à-dire serviettes, torchons de vaisselle...

Pour l’instant je suis un peu à court d’idées. Je propose aux lecteurs/trices du blog de faire leurs propres suggestions dans les commentaires, et à Florence de nous dire ce qui aura plu à son garçon !
Bonnes vacances !

samedi 23 juillet 2011

Le gâteau de Gourmandine

Pour occuper le petit dernier, après avoir éclusé la piscine, les crêpes, le film, la balade à vélo, il reste encore la cuisine. Nous avons choisi de faire le gâteau de Gourmandine. C'est un gâteau délicieux, facile à faire et qui plaît aux enfants, surtout à cause de l'histoire qui l'entoure. (NB : la mesure d'un pot est celle d'un pot de yaourt)

La maman de Gourmandine l'envoie chercher de la farine au moulin. Elle part avec une jatte. Lorsqu'elle arrive, le meunier dort, mais son moulin tourne trop vite. Gourmandine chante "Meunier tu dors..." jusqu'à ce qu'il se réveille et qu'il arrête son moulin. Le meunier lui donne les 2 pots de farine qu'elle est venu acheter, et la récompense d'avoir sauvé son moulin en lui offrant de la poudre magique (1 cuillerée à café de levure chimique).

Sur le chemin du retour, il pleut. On verse 1 pot 1/2 de sucre dans la jatte.

Gourmandine rencontre des poules et chante : "Quand trois poules vont aux champs..." Les poules sont tellement heureuses de la chanson qu'elles laissent deux oeufs derrière elles. Gourmandine les voit, les prend et les casse dans son pot.

Une vache essaye de manger de l'herbe tendre hors de son enclos. Gourmandine l'aide en lui cueillant de l'herbe. En échange, la vache lui donne du lait qui se transforme en deux yaourts.

Gourmandine est bien fatiguée. Elle s'assied sous un arbre et s'assoupit. Une grosse pommes se détache, tombe, et éclate dans sa jatte (on ajoute une pomme pelée et coupée en petits morceaux).

Pour rattrapper le temps perdu, elle court sur le chemin, tombe, lâche sa jatte, et soulève des cailloux qui tombent dans le pot (une poignée de pépites de chocolat).

Gourmandine rentre à la maison, raconte tout à sa maman qui allume le four à 180°C, verse la pâte dans un moule et le fait cuire 30 minutes.



 Pour la mise en scène, chacun est libre d'adapter le conte comme il l'entend. Bien entendu, l'histoire n'est qu'une trame qu'il faut compléter. Les enfants aiment beaucoup le gâteau de Gourmandine, il ne faut donc pas hésiter à le faire et le refaire avec toutes les variantes possibles (poires, raisins secs, glaçage, zeste de citron confit....) 

vendredi 22 juillet 2011

Arc en ciel

Le 18 juillet, j'ai vu un spectacle peu habituel : un arc en ciel formant un arc complet :



C'était beau, tout simplement

jeudi 21 juillet 2011

Faire du savon

Comme il pleut beaucoup, et qu’il faut occuper le petit dernier qui est déjà revenu de camp et qui ne dispose pas de toute la fratrie pour se disputer (ou jouer) avec lui, j’ai eu l’idée de faire des savons. Je n'ai pas la prétention de vous donner la recette du savon, mais un truc pour réutiliser les restes de savon. Dans un coin de placard, j'ai une boîte dans laquelle dessèchent tous les petits bouts de savon.

Le procédé est facile : mettre un fond de lait dans une casserole, ainsi qu’un filet d’huile d’olive. Ajouter le savon coupé en tous petits morceaux, ou mieux, râpé (sinon il faudra un temps infini pour qu’il fonde). Remuer constamment jusqu’à ce que le mélange soit bien homogène. Eventuellement, rajouter un peu de lait.





Il est alors temps de verser du colorant. Soit du colorant alimentaire, soit en utilisant des curry et autres poudres qui coloreront le savon de façon uniforme. Cette phase n’est pas indispensable, mais à moins d’avoir des savons de même origine, le mélange prend des teintes jaune sale. Or se laver les mains avec du savons qui fait sale, c’est un peu contradictoire. Donc, on colore le savon pour qu’il soit bien beau. On peut également partager la masse, et colorer chaque partie d’une couleur différente pour avoir des variantes.

Quelques gouttes d’huiles essentielles pour l’odeur. Le thym a des vertus purificatrices, mais la lavande, le pin… seront tout aussi agréables.

On verse le tout dans des moules. Le plus simple est de récupérer des pots de yaourts en plastique, ou des barquettes à gaufrettes.


Une fois pris, le lendemain, on les sort et on les place sur une grille pour un séchage plus complet. Si les savons sont trop grands, il suffit de les couper. Le séchage va durer plusieurs semaines.

Le savon de droite est encore enrobé d'huile : j'avais huilé le moule pour un meilleur démoulage, et c'était une bonne idée. Il suffit ensuite de l'essuyer avec un sopalin.

Ils ne semblent pas très beau, mais ils seront pratiques, et c'est pour un usage interne à la famille, alors...


mercredi 20 juillet 2011

Le déguisement de mousquetaire

Retour sur ma journée du 6 juillet :
Deux de mes garçons devant partir en camp, je me décide à préparer leur sac deux jours à l’avance, au cas, fort probable où il faudrait compléter les tenues. Ils partent au même endroit, avec le camp saint Michel pour l’un et le camp Bienheureux Jean-Paul II pour le second. D’expérience, je sais qu’il faut prévoir un déguisement dans le thème du camp pour le plus jeune. Je l’ai cousu au mois de mai, et je suis très fière d’avoir si bien anticipé les choses, et cousu un déguisement de mousquetaire. J’ai même acheté le chapeau et un fleuret.

Nous sommes donc à l’avant-veille de partir. Je me décide enfin à lire avec attention les papiers du plus grand : il sera également mousquetaire. Je fonce sur mes restes de tissus, et m’installe devant ma machine à coudre, flanquée à droite et à gauche de deux garçons, et d’une fille à l’arrière. Tous regardent avec attention le (bon) déroulement des opérations. Et voilà le deuxième déguisement de mousquetaire :

Mot de la fin du plus jeune : « Maman, pendant que nous serons en camp, tu pourrais faire un déguisement pour notre petit frère, comme ça nous pourrons jouer tous les trois aux mousquetaires en rentrant ». « Excellente idée, mais alors il faudra lire les Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, et convaincre votre grand frère de jouer avec vous !!!"

lundi 18 juillet 2011

Elle

La toute première fois que je la vis, je passai devant elle, sans même lui accorder une quelconque attention. Pourtant son regard avait croisé le mien. Je tentai de rester indifférent, mais en réalité je fus comme électrifié jusqu’au tréfonds de moi-même. Son regard n’était pas comme les autres regards. Il avait un je ne sais quoi de terrifiant, de repoussant, de révulsant. De la journée, je ne cessais de penser à elle. Toutes mes pensées étaient tournées vers elle. J’essayais de recomposer son image dans mon cerveau, mais plus je recherchais les détails, plus sa figure devenait floue et irréelle. Le soir venu je n’aurais même plus su la décrire. Etait-elle blonde, était-elle rousse, était-elle grande, petite ? Tout ce que je retenais était l’intensité de son regard. Il m’avait marqué au fer rouge, et cette impression de terreur restait en moi, à tel point que je n’en dormis pas de la nuit. J’attendais le matin avec impatience.


Au petit matin, je me levais. Je voulu débuter ma journée comme je le faisais tous les jours, mais j’en étais bien incapable. J’étais terrifié, et je vivais avec cette peur lugubre au fond de moi-même. Je ne savais plus que faire, où aller, tout me semblait vain. J’en tombai malade. Je fus plusieurs jours entre la vie et la mort. Je ne voulais plus y penser, et je ne rêvais que d’elle. Quel tourment. Je me remis petit à petit, et je pus doucement reprendre une vie normale, mais elle ne fut plus jamais comme avant. Mon esprit n’était plus avec moi. Lorsqu’on m’adressait la parole, je n’entendais pas. Dans une discussion, malgré tous mes efforts pour être présent, je m’absentais continuellement en pensant à elle et au rayonnement que dégageait ses yeux.


Pour couper court à cette vie devenue infernale, je changeai de technique : je décidai de plonger à corps perdu dans la vie. Quel rythme infernal je m’imposais là : du sport, des horaires qui m’obligeaient à courir d’une activité à l’autre, un réveil matinal, un travail acharné, des fêtes qui me vidaient encore plus, puisque je ne pouvais plus m’amuser avec la terreur qui me minait. Au bout de deux mois je m’écroulai de fatigue, mais l’impression que m’avait laissée son visage, et surtout le regard entrevu ne me quittaient pas. C’était d’ailleurs fort étrange : il m’était presque perceptible, je le voyais presque, mais immédiatement il me fuyait. J’étais toujours incapable de le décrire.


Je compris alors qu’il fallait que je la revoie, et surtout que je croise son regard pour arriver à m’en libérer. Mais si les choses étaient pires encore ensuite ? Un coup d’œil m’avait anéanti, qu’en serait-il du second ? Je résistais alors de tout mon être à cette tentation, je ne voulais pas qu’un deuxième regard me soit fatal. Je continuais donc à marcher tête basse, de façon à éviter tout regard vers les autres. A aucun prix il ne fallait que je regarde autrui dans les yeux. Je ne pouvais savoir si ce serait elle qui serait là, devant moi. Je craignais tout le monde et chacun. Chaque homme rencontré, croisé, entraperçu pouvait être un danger pour moi. Mais quelle vie je m’imposais là : je vivais encore plus renfermé qu’un ermite, je côtoyais une multitude de personnes, dans le bus, les supermarchés, la rue, le lieu de travail, mais sans jamais avoir de contact avec aucune d’elle. Pas un regard, je m’interdisais tout. A force de voir des pieds, je l’imaginais avec une robe légère parce que je voyais de fines sandalettes, ou au contraire, en tailleur sévère dans des escarpins gris sans fantaisie, ou n’était-ce pas plutôt elle, en brodequins et en pantalon ?


Il fallait que je me libère de toute incertitude. Comment pouvais-je savoir si c’était elle qui venait à me frôler, à me croiser, me fixait-elle de loin, m’ignorait-elle complètement, avait-elle disparu, était-elle là, ailleurs ? La tête m’en tournait. La nuit, je rêvais de chaussures de toutes sortes sur lesquelles des yeux s’ouvraient, attrapaient mon regard, puis se mettaient à tourner autour de moi, lentement d’abord, puis de plus en plus vite. C’était un manège infernal qui se poursuivait jusqu’au réveil. Je sortais alors de mon rêve en sursaut, le cœur battant, transpirant. C’en était fini de ma nuit. Je savais que je ne m’endormirai plus. Il en allait ainsi de chaque nuit. Quel supplice !


Un matin, cela faisait à présent huit longs mois que je l’avais vue, et elle m’habitait encore comme à la première seconde. Ne pouvant me guérir en me cachant, j’eus l’idée qu’il fallait que je la retrouve, que j’échange un nouveau regard avec elle. Si un premier regard m’avait tant bouleversé, un deuxième regard allait, c’était bien sûr, me libérer de cette emprise. Comment n’y avais-je pensé plus tôt ? J’en fus comme apaisé. La vie me semblait brutalement à nouveau belle, gaie, et je retrouvai une vivacité perdue huit mois auparavant. Je vaquai à mes occupations le cœur léger, presque gaiment. Je me dépêchai de sortir de la maison, je levai le regard, c’était un jour ensoleillé, il me fallait bien du soleil après avoir vécu tous ces mois dans l’ombre et la terreur. Je n’avais plus besoin de river mon regard au sol, je relevai les yeux, et je contemplai la nature : d’abord le ciel, les nuages, puis les oiseaux, les arbres. Que de beautés qui m’avaient été interdites si longtemps. La première personne que je rencontrai me procura un choc : depuis tant de mois je n’avais plus vu d’être humain. Je passai la journée dans une euphorie telle que j’en étais arrivé à l’oublier, elle. Je revivais, c’était mon printemps, j’étais guéri, je revivais, je revivais, je revivais.


Dans la nuit, je me réveillai en sursaut, le même cauchemar m’avait saisi. Je compris que je n’étais pas guéri, que la journée de la veille n’avait été qu’un sursis, et que l’angoisse me reprenait plus forte encore qu’auparavant.


Cette fois, j’étais bien décidé, il fallait coûte que coûte que je la revois. Mais comment, et où, inutile de passer une petite annonce : même si elle venait à la lire, qu’aurais-je écrit ? Comment se reconnaîtrait-elle puisque moi-même je n’aurais su la décrire ? Je décidai de prendre des vacances, je chaussai des chaussures confortables, et je sortis. Je commençai à arpenter les rues. Je marchai, marchai, marchai. Je ne pris aucun repos. Je passai et repassai dans les rues et les ruelles. Par temps de pluie, j’arpentais les grands magasins, chaque étage, l’un après l’autre. Je passais d’une galerie à une autre. J’allais au cinéma, au théâtre, j’attendais bien avant l’ouverture des caisses pour examiner tous les spectateurs qui entraient. Le soir, je m’écroulais de fatigue, mais je me réveillais toutes les nuits en sursaut, poursuivi par le même rêve. Au petit matin, je reprenais ma marche de plus belle.


Après huit jours de course je me ressaisis : inutile pensais-je de marcher droit devant moi. Il suffisait qu’elle soit derrière moi pour que je ne la voie pas. Cette technique n’était donc pas la bonne. Je pris donc l’habitude de faire demi-tour, brutalement, pour tenter de la surprendre, et je reprenais ma marche dans le sens contraire. Oui, mais si elle était à présent derrière moi, c’est-à-dire devant moi alors que j’allais dans l’autre sens, mais si je me tournais une fois de plus, elle serait peut-être derrière… Je n’étais plus qu’un tourbillon. Je courais à présent, d’une rue à un magasin, d’un magasin dans un bus, d’un bus à un jardin public. La folie me gagnait.


J’eus alors une idée : j’irai me poster près de l’endroit où je l’avais vue la première fois, et j’attendrai qu’elle réapparaisse. Cette solution me semblait à présent la plus logique et la plus simple. Pourquoi donc n’y avais-je songé plus tôt ? Je me rendis dans la rue où je l’avais croisée, et par chance, j’y découvris un banc à proximité. Je m’y assis. Quelle impression curieuse : depuis si longtemps je ne m’étais pas assis, oisif. Je crus même un instant que j’allais pouvoir profiter de cette pause. Mais non, la soif de la voir, de la revoir, de guérir, me tenaillait trop vivement. A peine assis, je me mis immédiatement au travail : je regardais chaque passant avec acuité. J’étais avide de regarder chaque visage qui passait, non pas par plaisir, mais par désir d’en terminer enfin avec cette obsession. Je regardais à droite, à gauche, je passais de l’un à l’autre avec détermination. Pourquoi cette jeune femme tournait-elle la tête, était-ce elle ? Refusait-elle de me voir ? Faisait-elle exprès de parler avec son interlocuteur pour que je ne puisse saisir son visage ? Je me levais alors, courrais pour la dépasser, et plusieurs mètre plus loin, je faisais demi-tour pour lui faire face. Une fois de plus je m’étais trompé : ce n’était pas elle. Je regagnais mon banc, las. Cette fois, c’était bien elle qui s’approchait, j’en étais certain, c’était sa silhouette, sa couleur de cheveux. Hélas, encore une fois, je m’étais trompé. Je me remettais à l’affut, plein de courage.


Je ne comprends pas comment j’ai pu tenir si longtemps. Durant 10 longs jours, je me postais tous les matins sur mon banc, et je prenais ma faction. Les habitués m’avaient repéré. Ils m’observaient du coin de l’œil, je le voyais bien. Mais ils me laissèrent heureusement en paix. Etais-je ainsi courageux, je ne le crois pas, il m’était devenu vital d’épier son passage. Je l’attendais sans impatience, enfin, je croyais l’attendre ainsi. En réalité, dès qu’une personne lui ressemblait, je frémissais, je tremblais même, je ne pouvais plus tenir assis, je scrutais avec attention. Plus d’une fois, une femme ainsi observée me foudroya du regard. Un jour, je crus même que son ami s’en prendrait à moi. Je fis immédiatement amende honorable, je ne pouvais me permettre de dissiper mon attention. Pourtant, les jours s’écoulaient, les uns après les autres, mes vacances allaient toucher à leur fin. Que ferais-je alors ? J’étais devenu maigre, presque diaphane, je n’imaginais pas de retourner travailler, comment allais-je pouvoir reprendre une vie normale avec l’obsession qui m’habitait. C’est alors que je la vis.


Elle était là, exactement à la même place qu’elle occupait lorsque je la vis la première fois ; Elle ne me regardait pas. C’était donc elle, elle qui m’avait mené en enfer durant toute une année par un seul regard. Je me détendais imperceptiblement, je soupirais d’aise, je sentais comme un vent de liberté me traverser. Cette vue m’avait bel et bien redonné mon intégrité. Elle ne m’habitait plus, j’étais à nouveau capable de poursuivre ma route sans obsession. Quelle victoire ! A présent, je pouvais partir. Je me levai. Elle tourna alors la tête et me regarda. Son regard me transperça et…




Lu dans les faits divers :

Hier, vers 16 heures, un homme âgé de 28 ans a été retrouvé mort sur un banc, rue des orfèvres. Sa mort paraissait naturelle, mais une expression d’horreur émanait de son visage. Une enquête a été ouverte pour essayer d’éclaircir cette mort bien mystérieuse.


(C'est une nouvelle que j'ai écrite pour un concours sur le site "aufeminin".)

vendredi 15 juillet 2011

Lire avec la fille d'Alphonsine


Voilà ce que donne une après-midi de lecture avec ma fille :





Pour toutes celles qui ont pensé « ce n’est pas joli de se disputer », et pour toutes celles qui n’ont rien pensé du tout, je tiens à donner l’explication de la photo.



Imaginez une belle après-midi ensoleillée, un champ, Alphonsine et une de ses filles. Chacune porte un livre et s’installe dans l’herbe, au soleil. Alphonsine ouvre le livre qui lui a été offert (pour l’achat de deux livres de poche) « L‘Amour comme par hasard » d’Eva Rice, et sa fille « Germinal » d’Emile Zola.



Alphonsine se plonge immédiatement dans son livre, elle en est page 135 et lit avidement la suite de l’histoire. Par moment, elle rit de l’humour de l’auteur. Elle finit par s’apercevoir que sa fille la contemple, mais qu’elle ne lit pas une ligne de Germinal.



- Pourquoi ne lis-tu pas ?

- Bof, …

- C’est sûr que Germinal dans la campagne et au soleil, ce n’est pas aussi plaisant que mon livre. Tiens, je vais te lire des extraits.



Mais comme elle n’avait pas lu le début, il a bien fallu lui expliquer, et je perdais le sel de ma lecture. Alors, j’ai fait une chose énorme, épouvantable, effrayante : j’ai arraché les 15 premières pages du livre, et je les lui ai données. Puis, j’ai arraché la suite… jusqu’à la page 76. Ensuite, nous sommes rentrées.



Il faut donc que l’amour maternel soit inouï pour que j’accepte de déchirer les pages d’un livre qui me plait !

lundi 11 juillet 2011

Comment changer le sac d'un aspirateur lorsqu'on n'a pas de mode d'emploi

C'est un article qu'il vaut mieux écrire en tout petit. Alphonsine ose à peine en parler... Il s'agit de son aspirateur. En fait, c'est bien de son aspirateur qu'il s'agit, mais il n'a pas toujours été à elle. Avant il appartenait à quelqu'un d'autre, et elle l'a reçu. Elle était bien contente de le recevoir d'ailleurs, parce qu'elle avait un ENORME aspirateur super génial, mais si gros et si lourd que ses enfants hésitaient à le sortir du placard (essentiellement parce qu'il fallait ensuite le ranger, et ça, c'était un réel casse-tête).

Bref, Alphonsine jubilait avec ce tout nouvel aspirateur : enfin, les enfants vont pouvoir à nouveau passer l'aspirateur sans râler. Et de fait, la joie de la nouveauté a fait qu'ils l'ont tous essayé. Mais très vite ils se sont aperçus qu'il n'aspirait rien, et qu'il faudrait peut-être changer de sac. Mais comme ils ne sont pas arrivés à changer de sac, qu'ils sont partis en camp, et qu'Alphonsine doit passer l'aspirateur, il lui est revenu l'opération exigeante de changer de sac.

Pas de problème, euphorique, elle attrape un sac tout neuf, ouvre, veut ouvrir, souhaiterait ouvrir, s'escrime à ouvrir, tente d'ouvrir le clapet adéquat. Rien n'y fait, ni les tentatives calmes, encore moins les tentatives plus musclées.

Animée d'un optimisme revenu, elle branche son ordinateur et fonce sur Internet. De nos jours, Internet est LA voie du salut. On y trouve réponse à tout. "changer le sac d'un aspirateur Rowenta RS614" Alphonsine tape fébrilement les mots clefs... et ne trouve rien. Il faut chercher sous "Rowenta". Victoire, il y a un accès aux modes d'emploi... mais l'aspirateur référencé RS614 doit être trop vieux, sa notice n'est pas consultable en ligne. Bien entendu, on peut écrire pour la demander. Soit... en espérant qu'il ne faudra pas attendre trop longtemps.

Alphonsine voit apparaître la page de contact, et avec elle un numéro de téléphone. Prix de la communication (il faut toujours vérifier ce point) : appel local. Elle se saisit du téléphone, tapote le numéro, tombe sur l'éternelle voix de femme qui lui demande de taper sur 1; 2 ou 3, et finalement, elle tombe sur Christophe à votre écoute.

Alphonsine expose ses difficultés, ses incompréhensions devant un produit de cette qualité qui exige d'avoir fait Polytechnique pour savoir s'en servir. Christophe à votre écoute semble perplexe, et tente par tout moyen de retarder le moment où il va lui dire qu'il ne peut lui répondre au téléphone. Pendant ce temps, pour s'occuper les mains, Alphonsine sort le tuyau de son emplacement, et tout en expliquant qu'elle n'arrive pas à ouvrir le clapet en appuyant sur le bouton, le clapet s'ouvre, le sac apparaît !

Elle éclate de rire, Christophe à votre écoute ne comprend plus rien. Alphonsine lui explique le pourquoi du comment, et le remercie chaleureusement de son aide si efficace. Christophe à votre écoute ne sait pas si c'est du lard ou du cochon, puis décide de rire avec Alphonsine qui lui explique que c'est comme chez le médecin : il suffit d'entrer dans la salle d'attente pour ne plus avoir mal. Christophe à votre écoute raccroche toujours riant (au moins il aura des choses à raconter ce soir en rentrant), Alphonsine change le sac, et range l'aspirateur : elle a assez travaillé pour aujourd'hui !!!

dimanche 10 juillet 2011

Pause estivale

Tout le monde s'en va et déserte la blogosphère... alors que je venais de la découvrir.

Je crois que je vais faire comme tout le monde et déserter la blogosphère.

Mais comme je ne peux rester inactive,

Je vais vous préparer des billets pour la rentrée.


... Et puis, en publier l'un ou l'autre malgré tout...

Mais à un rythme de vacances !

Bonnes vacances à tous !

Alphonsine

vendredi 8 juillet 2011

Mieux vaut un mauvais raccommodage qu’un beau trou !

Qui se lance à corps perdu et avec joie dans le raccommodage ? Qui ???? Il y a un manque certain d’enthousiasme dans les réponses !

Je connais une femme très organisée qui avait réglé le problème à sa façon : elle posait dans un panier les vêtements à raccommoder, et elle s’en débarrassait par classement vertical lorsque ses enfants étaient trop grands et que les vêtements ne leur allaient plus. C’est une technique…

J’ai connu une autre femme très organisée qui ne raccommodait jamais rien, et jetait immédiatement le vêtement déchiré. C’est une technique qui ressemble étrangement à la première, avec le désordre en moins.

J’avoue n’avoir jamais pu adopter l’une ou l’autre technique. Mais j’avoue également ne pas être une bête de raccommodage. Mon procédé est tout simple : Je pose le linge embarrassant dans un joli panier réservé à cet effet. J’entends déjà les mauvaises langues me dire : « C’est bien la technique n°1 ». Mais la ressemblance s’arrête là. Lorsque je vois que le panier s’apprête à déborder, je m’interdis tout travail de couture intéressant jusqu’à ce que le panier soit vide. Il faut être sévère avec soi-même !!!

Je commence à séparer les lainages du reste. Les accrocs aux pulls pourront être raccommodés dans le jardin ou en faisant réciter un enfant. Puis je fais des piles en fonction des couleurs des vêtements, ceci pour éviter de devoir changer le fil de la machine à chaque vêtement. J’empoigne avec courage le premier pantalon : accroc au genou. Idem pour le deuxième, le troisième… puis vient la série des chemises : les garçons s’agrippent par la chemise, tirent fort, et le bouton s’arrache avec un bout de tissus. Il faut découdre, raccommoder puis recoudre. Même pas la peine d’en redemander… elles viennent toutes seules !

Et les ourlets ! Petite, une de mes filles déchirait tous ses ourlets dans les 5 minutes après avoir enfilé sa robe ou sa jupe. Je les refaisais patiemment, à la main (c’est plus joli) puis j’ai choisi le point de chausson, un peu plus solide (de fait, l’ourlet tenait 30 minutes), et enfin, après une âpre lutte inégale, j’ai abandonné, et piqué l’ourlet à la machine.

En réalité, nombre de fois, j’ai attrapé un vêtement, je l’ai ausculté sous toutes ses faces, et ne voyant rien, je l’ai replié pour le ranger. Pourtant il était bel et bien à ravauder, mais je n’avais rien vu ! Ou alors, il convenait de reprendre la ceinture ou de faire un ourlet, et j’avais oublié de mettre les épingles. Mais le panier était vide, je pouvais me lancer dans la confection d’un vêtement neuf ! C’était bien le but à conquérir, non ?